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Insolite et Faits divers

Magistrats supplémentaires à Marseille : "Ces annonces me surprennent. Je ne sais pas où le ministre va aller chercher des effectifs", s'interroge l'USM

Magistrats supplémentaires à Marseille : "Ces annonces me surprennent. Je ne sais pas où le ministre va aller chercher des effectifs", s'interroge l'USM La vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats, Cécile Mamelin, réagit aux chiffres avancées par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti concernant les 11 nouveaux magistrats qui doivent arriver à Marseille en septembre. "Ces annonces me surprennent. Je ne sais pas où le ministre va aller chercher des effectifs", réagit la vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM), Cécile Mamelin, ce mardi sur franceinfo, alors que le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a annoncé que 11 nouveaux magistrats seraient en poste à Marseille en septembre. franceinfo : Que pensez-vous des annonces du garde des Sceaux ? Cécile Mamelin : Ces annonces me surprennent. Je ne sais pas où le ministre va aller chercher des effectifs. Il a annoncé les effectifs supplémentaires de 11 magistrats. J'ai interrogé les collègues marseillais, ils sont très étonnés parce qu'il n'y aura pas 11 arrivées en septembre. En réalité, il ne va y avoir que deux magistrats supplémentaires qui vont arriver au siège au 1er septembre, puisqu'il y a huit arrivées et six départs. Donc, je ne sais absolument pas d'où le chiffre de 11 peut sortir. L'effectif des magistrats du siège du tribunal judiciaire de Marseille sera au 1er septembre de 119 magistrats alors qu'il en faut 121 théoriquement. Et encore, ce chiffre théorique est de toute façon notoirement insuffisant étant donné les difficultés de la délinquance à Marseille. Il manque encore deux juges, donc il va peut-être mettre ce qu'on appelle des juges placés, que l'on met temporairement dans les juridictions quand il manque du personnel mais ce ne sont pas des juges qui sont destinés à rester. Donc, je ne sais absolument pas d'où vient le renfort supplémentaire et sur quel autre tribunal il va pouvoir prendre ces renforts. Estimez-vous que le ministre n'entend pas vos demandes ? Nous demandons depuis des dizaines d'années des effectifs supplémentaires. Ils sont notoirement insuffisants, mais pour toute la chaîne pénale. On est notoirement sous-dotés dans beaucoup de juridictions en France et malheureusement Marseille est l'une de ces juridictions. On demande des moyens et des effectifs depuis très longtemps. On ne peut pas vouloir juger rapidement et efficacement sans des personnes derrière pour juger. Il faut 18 mois en moyenne pour juger un jeune. Pourquoi est-ce si long ? Les juridictions pour mineurs sont dans un état de misère assez endémique et ancien que nous dénonçons depuis des années. Les délais sont absolument trop longs. Mais ce ne sont pas des textes péremptoires qui vont faire baisser miraculeusement les délais. C'est une histoire de moyens qui doivent être donnés à toute la chaîne pour pouvoir renforcer la justice des mineurs, parce que juger vite est peut-être un objectif voulu par le politique, mais il faut juger vite et bien, parce que la juridiction des mineurs est un travail de longue haleine. On ne peut pas juste vouloir juger un mineur, il faut l'accompagner, le mettre sur le bon chemin pour qu'il ne récidive pas. Lutter contre la récidive, ce n'est pas simplement appliquer une peine, c'est accompagner un mineur, et ça demande des moyens sur le long terme, des éducateurs et des juges pour enfants qui puissent également travailler dans des familles, sur le long terme, c'est ce qu'on appelle l'assistance éducative. Si on ne met le focus que sur le pénal, on va négliger l'assistance éducative et, à ce moment-là, on ne résout pas tous les problèmes.

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