Ligue des champions : Luka Modric, le facteur X du Real Madrid
Avant-match
Il est le génie qui fluidifie le jeu du Real Madrid. Luka Modric est depuis dix ans le cerveau des Merengue. L'influence du milieu croate de 36 ans sera déterminante, mercredi, pour réussir à éliminer Manchester City, lors de la demi-finale retour de la Ligue des champions à Madrid. Une compétition qu'il a déjà gagné à quatre reprises avec les Madrilènes.
Quatre jours après son sacre en Liga, le Real Madrid n'a plus qu'une seule chose en tête : remporter sa quatorzième Ligue des champions. Pour ce faire, les Merengue devront renverser Manchester City, mercredi 4 mai au stade Santiago-Bernabeu, après le 4-3 spectaculaire de la demi-finale aller.
L'international français Karim Benzema, qui en train de signer la meilleure saison de sa carrière, sera évidemment l'atout numéro un de son équipe. Mais les Madrilènes pourront également compter sur les fulgurances de Luka Modric pour forcer le destin.
Au club depuis dix ans, le Mozart du football croate est toujours aussi indispensable et déterminant dans ces grands rendez-vous.
Et pour cause, cet orfèvre de la passe laser, à l'abattage et à l'activité exemplaires, reste à bientôt 37 ans l'un des meilleurs milieux de terrain européens. Son inoxydable finesse technique lui permet quasiment à tous les coups de sortir ses coéquipiers d'une mauvaise situation, tandis que sa vision du jeu et sa science tactique lui offrent la capacité de temporiser ou d'accélérer lorsque le scénario du match l'impose, jusqu'à faire basculer la partie.
Un des palmarès les plus garnis des Merengue
Le Ballon d'Or 2018 est également encore capable de fournir des efforts à très haute intensité dans l'entrejeu, comme le prouvent les 120 minutes disputées lors du tour précédent, en quart de finale retour contre Chelsea. Ce soir-là, il a remporté le trophée d'homme du match. Et pour cause : sa fabuleuse ouverture de l'extérieur du pied droit, sa marque de fabrique, a mis sur orbite Rodrygo et permis au Real d'aller en prolongation. Un geste qui restera longtemps dans les mémoires des supporters madrilènes. Et des amoureux du football.
"Qu'on l'encadre au musée du Prado !", s'était même enthousiasmé le quotidien madrilène As.
Si, aujourd'hui les superlatifs ne manquent pas à Madrid, lorsqu'il s'agit d'évoquer Luka Modric, il y a dix ans, les avis étaient beaucoup moins élogieux. L'ancien joueur de Tottenham, recruté à l'époque contre une trentaine de millions d'euros, avait même été élu pire transfert transfert de l'histoire du Real par les internautes de l'influent journal madrilène Marca.
Depuis, Luka Modric a fait taire tous les sceptiques que lui prédisaient un séjour éphémère au Real. L'ancien réfugié de la guerre en ex-Yougoslavie affiche aujourd'hui l'un des palmarès les plus garnis des Merengue avec notamment trois Liga, quatre Ligues des Champions et quatre Mondial des clubs.
À en croire les Croates, son fabuleux parcours n'est pas dû au hasard, mais à l'évidence. Car celui qui a entamé sa carrière professionnelle dans les rangs du Dinamo Zagreb, après avoir fait ses classes au NK Zadar, était prédestiné à briller.
"Luka ne joue pas au football, il le prêche !"
"Il était une idole pour ceux de sa génération, un leader, un chouchou. Les enfants voyaient déjà en lui ce que nous voyons aujourd'hui", avait confié Josip Bajlo, son entraîneur au NK Zadar, après la victoire de son poulain au Ballon d'or en 2018.
Une intuition que ne s'est pas démentie, puisque Luka Modric a emmené la Croatie, pays de 4 millions d'habitants, jusqu'en finale de la Coupe du monde 2018. Malgré la défaite face à la France, le capitaine de la sélection avait été élu meilleur joueur de la compétition organisée en Russie.
"Luka ne joue pas au football, il le prêche ! Il ne faut pas commenter son jeu. Il faut juste le regarder et admirer", s'était enthousiasmé après le Mondial, Mario Stanic, ancien international, dans le journal Sportske Novosti.
"Il y a toujours beaucoup de scepticisme à propos de moi, à propos de mes qualités, de mon style de jeu et de mon physique [1m72, 66kg]", avait expliqué Luka Modric en septembre 2020 à l'AFP. "On a dit que j'étais trop chétif pour atteindre le haut niveau, mais cette adversité ne m'affecte pas, cela me motive encore plus".
Aussi influent dans le vestiaire du Real que sur la pelouse, Luka Modric suscite l'admiration de ses coéquipiers. "À son âge, il est meilleur de jour en jour", a confié le défenseur merengue Nacho, après la qualification pour les demi-finales de la C1, au micro de Movistar+. "C'est un modèle pour les joueurs et les gens en général. Il a de l'âge, mais on dirait que c'est le plus jeune de l'équipe. J'espère qu'il continuera de longues années avec nous."
Justement, en fin de contrat en juin, il est en négociations pour une prolongation. Signe qu'il est jugé indispensable par le Real Madrid.
"J'ignore quand, mais je crois qu'il finira sa carrière ici. S'il veut prolonger, il n'y a aucun problème ni pour nous [le staff], ni pour le club, a récemment confié son entraîneur Carlo Ancelotti. Au contraire, on veut tous le voir rester."
Avant cela, Luka Modric, qui a déjà disputé 105 matchs de C1 (7 buts), a une nouvelle fois rendez-vous avec l'histoire face à Manchester City. Des rendez-vous qu'il manque rarement.