Ligue des champions : Atlético contre City, le duel des styles entre Guardiola et Simeone continue
AVANT-MATCH
L'étreinte entre Pep Guardiola (de dos) et Diego Simeone lors du match aller de Ligue des champions entre Manchester City et l'Atlético de Madrid.
Le pragmatisme ou le beau jeu ? Battu 1-0 à l'aller, l'Atlético Madrid ultradéfensif de Diego Simeone compte sur la ferveur de son public pour renverser le Manchester City de Pep Guardiola et rejoindre les demi-finales.
Le débat est vieux comme le football : l'important est-il de proposer un jeu léché, porté vers l'avant, et un schéma tactique novateur ou au contraire de miser sur la ferveur et la hargne, la "grinta" chère aux Latinoaméricains ? Le duel entre l'Argentin Diego Simeone, réputé pour son Atlético de Madrid hermétique et efficace, et l'Espagnol Pep Guardiola et de son Manchester City capable de mobiliser le ballon pour harceler l'adversaire, représente la quintessence de cette opposition inhérente au ballon rond.
Proche de déjouer les schémas du cérébral Guardiola avant de céder en quart de finale aller (1-0), Simeone mise désormais sur la ferveur du stade Metropolitano, où l'Atlético n'a jamais perdu un match à élimination directe de Ligue des champions, pour tenter d'écarter le finaliste 2021. Objectif : ramener l'Atlético en demi-finales de C1 pour la première fois depuis cinq ans.
"Ce n'est pas beau à voir, mais c'est efficace"
Et tant pis si l'Atlético a été critiqué pour sa frilosité tactique à l'issue de la première manche : c'est ainsi que le club madrilène a atteint deux finales de Ligue des champions (2014, 2016) et gagné deux Ligues Europa (2012, 2018) sous les ordres de Simeone.
"Peut-être que ce n'est pas beau à voir, mais c'est efficace", a résumé, lundi, le Français Thomas Lemar, milieu de l'Atlético, dans un entretien à l'AFP.
Une partie (au moins 5 000 places) du stade madrilène sera fermée mercredi, sur injonction de l'UEFA, qui a sanctionné le club en raison du "comportement discriminatoire" de certains supporters espagnols. Une vidéo diffusée par le journal sportif espagnol Marca montre en effet des supporters espagnols faisant un salut nazi lors du match aller à l'Etihad Stadium.
L'enceinte (68 000 places en temps normal) devrait toutefois être bouillante mercredi soir à Madrid, où City et l'"Atleti" se préparent à un match âpre et ardent.
Entre les deux manches, les "Citizens", finalistes de la dernière édition, ont été accrochés 2-2 par Liverpool dans un duel au sommet du championnat anglais, dimanche, tandis que les "Colchoneros" ont été surpris 1-0 chez l'un des promus de Liga, à Majorque, samedi.
Tous avaient peut-être en tête leurs retrouvailles, lors desquelles l'Atlético devrait rester fidèle à son hermétisme défensif du match aller et guetter les contres dans le sillage d'Antoine Griezmann.
"Ils ont joué avec deux lignes de cinq !", avait commenté Guardiola après le succès étriqué de l'aller. "Dans la préhistoire, aujourd'hui ou dans 100 000 ans, attaquer contre deux lignes de cinq sera toujours très difficile."
"C'est une équipe bagarreuse"
Réputé pour sa motivation sans limite et pour sa capacité à fédérer son groupe autour de lui, Diego Simeone devra, encore une fois, toucher ses joueurs dans leur fierté pour leur transmettre sa soif de victoire.
"Il n'a pas besoin de nous donner de conseils (sur l'aspect mental, NDLR). Son discours, sa manière de parler, sa franchise, ça nous permet de nous surpasser", a résumé Thomas Lemar.
Et le milieu français de rappeler la hargne de l'ex-milieu international argentin. "Vous avez connu le joueur ? Eh bien, ça donne l'image de l'Atlético maintenant. C'est une équipe bagarreuse, qui est là sur chaque ballon, qui ne veut pas perdre, en match ou à l'entraînement... C'est ce qu'il veut nous transmettre, de ne pas nous reposer sur nos lauriers", a appuyé Lemar.
Spécialiste des remontées incroyables, l'Atlético a souvent su trouver les ressources dans des matches mal engagés cette saison en Liga : contre Valence en janvier (3-2), contre Getafe en février (4-3)...
Et s'il leur fallait une référence, les "Rojiblancos" peuvent regarder dans le rétroviseur : en 2016, lors des quarts de finale de la Ligue des champions face au Barça de la "MSN" de Lionel Messi, Neymar et Luis Suarez, héritier de Guardiola et champion d'Europe en titre, les "Colchoneros" s'étaient inclinés 2-1 à l'aller... avant de s'imposer 2-0 au retour pour se hisser en demi-finales (ils finiront par s'incliner en finale 1-1, 5-3 t.a.b. face au Real Madrid).
Même phase de la même compétition, même revers à l'extérieur à l'aller, même sentiment d'impossible... et même résultat, mercredi ?
Avec AFP