Les montres connectées aident-elles vraiment à prendre soin de sa santé ?
Accessoire tendance ou coach miniature ? À la manière d'un smartphone, la montre connectée est devenue un bijou technologique de plus en plus prisé par les sportifs tout comme ceux qui souhaitent porter une attention particulière à leur santé. En plus du traditionnel podomètre ou des applications sportives permettant de mesurer avec précision temps, distance, vitesse et toute une batterie de statistiques, plusieurs modèles permettent désormais de mesurer le rythme cardiaque et même de réaliser un électrocardiogramme (ECG). Ces fonctions sont des évolutions du cardiofréquencemètre situé au dos des montres connectées. Une lumière verte est envoyée sur le poignet et le capteur situé au dos va mesurer la quantité de lumière reflétée par votre peau. Ce principe intitulé photopléthysmographie implique que plus la quantité de lumière reflétée est importante, plus le cœur bat rapidement. L'analyse des données par le logiciel de la montre permet alors de déterminer la fréquence cardiaque.
Une fonction pour prévenir la fibrillation auriculaire
Certains modèles récents comme l'Apple Watch Series 6, la Samsung Galaxy Watch 3 ou encore la dernière montre de la marque française Withings (ScanWatch et Move ECG) permettent désormais d'alerter l'utilisateur quand une anomalie est détectée dans le rythme cardiaque. Ce fut par exemple le cas de Raphaël Thomas, 46 ans, qui a été prévenu en pleine nuit d'une alerte au niveau du cœur : "Mon père avait des problèmes cardiaques et j'ai donc toujours surveillé mon coeur. Mon médecin m'encourage à utiliser ce type d'équipement, même la nuit. Récemment, à 1h30 du matin, j'ai senti une vibration puis entendu une sonnerie. Ma montre indiquait que mon cœur était brièvement monté à 130 avant de redescendre à 60", indique ce vigneron. L'homme originaire de Sancerre dans le Cher a alors utilisé la fonction ECG de sa montre, une Apple Watch Series 6 : le test est effectué en gardant la montre au poignet et en posant le doigt sur la molette latérale de la montre, ce qui permet de mesurer l’activité électrique du cœur. Si la mesure n’est pas aussi précise que celle des dispositifs médicaux, elle permet bien de prévenir les fibrillations auriculaires : "Mon cardiologue m'a ensuite confirmé que cela révélait bien une arythmie cardiaque. Si cela se produisait fréquemment, cela pourrait être source d'AVC. Cela nécessite donc une surveillance. Après coup, j'étais rassurée que ma montre l'ait détectée", témoigne Raphaël Thomas.
Des objets grand public et non un dispositif médical
Le fait que la technologie se place au service de la santé n'est pas nouveau, mais les nouvelles fonctions des montres connectées notamment tendent à la rendre plus accessible. Une avancée qui ne peut être bénéfique qu'à certaines conditions : "Des fonctions comme l'électrocardiogramme vont dans le bon sens, mais à condition que cela s'accompagne d'une bonne formation des utilisateurs, explique Laurent Mourot, directeur de la plateforme Exercice, performance, santé et innovation (Epsi) de l'Université de Franche-Comté. Cela permet de responsabiliser les gens qui deviennent acteurs de leur propre santé, mais seulement s'ils savent interpréter correctement les données proposées. Tout le monde n'est pas prêt à recevoir une information importante sur sa santé comme le fait de subir une fibrillation auriculaire. Et à ce moment-là, cela peut même stresser l'utilisateur plutôt que de le rassurer."L'ancien chercheur estime que "ces objets sont conçus pour le grand public et qu'ils ne peuvent en aucun cas se substituer à un dispositif médical". Selon lui, il convient à chaque fabricant de fournir les explications nécessaires à la bonne compréhension de leur fonctionnement. "Si on veut que ces outils connectés rendent vraiment service, il va falloir accompagner les gens à la compréhension de ces objets et des données qu'ils fournissent pour que cela leur soit vraiment bénéfique. Souvent, par souci de simplification, les fonctions de ces objets ne sont au final pas très claires". Laurent Mourot reconnaît toutefois qu'une fois maîtrisés, ces outils sont utiles pour offrir un suivi plus personnalisé de sa santé : "Ces outils connectés peuvent nous aider à obtenir des informations sur le plan individuel, Par exemple, les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme la règle des 10 000 pas par jour ne sont clairement pas adaptées à chaque individu. La montre peut ainsi permettre de mieux ajuster un programme d'entraînement à la personne qui la porte."