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Législatives : le retour du clivage gauche-droite dans le paysage politique français ?

La confrontation entre la Nupes de Jean-Luc Mélenchon et la coalition Ensemble ! d'Élisabeth Borne, au second tour des élections législatives, marque le retour du clivage gauche-droite dans le paysage politique français. L’union de la gauche et la coalition présidentielle arrivent en tête du premier tour des élections législatives. Leurs nombreux duels au second tour et la physionomie de la future Assemblée nationale marquent le retour du clivage gauche-droite dans la vie politique française. Législatives 2022 © Studio graphique FMM Si l’élection présidentielle avait proposé au second tour un nouvel affrontement entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen après celui de 2017, les élections législatives sont, elles, marquées par la renaissance d'un bloc de gauche face au bloc présidentiel. La Nouvelle Union populaire écologique et sociale de Jean-Luc Mélenchon est arrivée légèrement en tête, dimanche 12 juin, au premier tour des législatives avec 25,6 % des voix, selon l’estimation de notre partenaire Ipsos Sopra Steria, juste devant Ensemble !, la coalition présidentielle, qui obtient 25,2 % des suffrages. Derrière, le Rassemblement national obtient 19,1 %, Les Républicains 13,6 % et Reconquête 4,1 %. Avec un tel coude-à-coude, chacun peut ainsi voir midi à sa porte. Pour la cheffe du gouvernement, Élisabeth Borne, la coalition présidentielle est "la seule force politique en mesure d'obtenir la majorité à l’Assemblée nationale". >> À voir en vidéo : les discours de la soirée électorale du premier tour des législatives "Face aux extrêmes, nous seuls portons un projet de cohérence, de clarté et de responsabilité. J'appelle donc toutes les forces républicaines à se rassembler autour de ce projet et de nos candidats", a-t-elle poursuivi lors d’une allocution depuis le siège de campagne d'Ensemble ! à Paris. La lecture des résultats était toute autre pour Jean-Luc Mélenchon. "La vérité est que le parti présidentiel est battu et défait", a-t-il réagi, estimant que "les projections en siège à cette heure n'ont à peu près aucun sens". "Pour la première fois de la Ve République un président nouvellement élu ne parvient pas à réunir une majorité à l'élection législative qui suit", a ajouté le leader de la Nupes. Un entre-deux-tours "projet contre projet" "J'ai le sentiment qu'on a renversé la table, la gauche était censée être morte, nous avons déjoué tous les pronostics et nous arrivons en tête de ce premier tour", s'est réjouie de son côté la députée LFI Clémentine Autain sur TF1. Avec des duels opposant la Nupes à Ensemble ! dans la majorité des circonscriptions, pour le second tour des législatives dimanche 19 juin, c’est donc bien un retour du clivage gauche-droite dans le paysage politique français qu’ont choisi les électeurs. "Désormais, c’est un deuxième tour de clarification qui s’ouvre, projet contre projet", a ainsi commenté le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, sur le plateau de TF1. >> À lire : Ce qu'il faut retenir du premier tour des législatives en France Hausse des salaires, âge légal de départ à la retraite, fiscalité, services publics, éducation ou encore planification écologique, Europe : tout ou presque oppose la Nupes et Ensemble ! sur le plan des idées. De quoi offrir un vrai débat aux électeurs lors de l’unique semaine d’entre-deux-tours. L’enjeu de la participation au second tour Pour les deux camps, l’enjeu sera de toute évidence celui de la mobilisation. Moins d'un électeur sur deux s'est rendu aux urnes dimanche. L'abstention a battu un nouveau record pour se situer à 52,3 % selon notre partenaire Ipsos Sopra Steria. Elle est légèrement plus forte qu'il y a cinq ans lorsqu'elle avait atteint la barre des 51,3 %. Le rebond de la participation (26,3 % d'abstention au premier tour) observé lors de la présidentielle d'avril aura été de courte durée. >> À lire : Les députés LREM novices de 2017 : "Leur inexpérience les a pénalisés" Un statu quo au second tour aurait tendance à favoriser la coalition présidentielle. "Nous avons une semaine pour convaincre et obtenir une majorité forte et claire", a déclaré Élisabeth Borne dimanche soir. "À toutes celles et ceux qui se sont abstenus, je veux dire ce soir de croire dans la force de leur vote et de faire entendre leur voix dimanche prochain", a-t-elle ajouté. La Nupes, en revanche, aura besoin d’un sursaut de la mobilisation pour espérer l’emporter. Jean-Luc Mélenchon ne s’y est d’ailleurs pas trompé en appelant les électeurs à "déferler" lors du second tour. "J'appelle notre peuple, au vu de ces résultats et de l'opportunité extraordinaire qu'elle présente pour nos vies personnelles et pour le destin de la patrie commune, à déferler dimanche prochain, pour rejeter définitivement les projets funestes de la majorité de M. Macron", a-t-il lancé. >> À lire : Coups d’éclat, propositions et obstruction : des députés insoumis hyperactifs pendant cinq ans Conséquence du retour du clivage gauche-droite : Marine Le Pen et le Rassemblement national risquent d’être relégués au second plan de la campagne d’entre-deux-tours. La finaliste de l’élection présidentielle a jugé possible d'envoyer "un groupe très important" du RN à l'Assemblée nationale, une première depuis 1986. Son futur groupe ne devrait toutefois pas excéder les 45 sièges selon les projections d’Ipsos Sopra Steria. En revanche, la Nupes et Ensemble ! enverront à eux seuls plusieurs centaines de députés à l’Assemblée – au moins 400 selon Ipsos Sopra Steria. Sans connaître le futur vainqueur du second tour, il est désormais clair que le Palais Bourbon s’apprête à connaître un effet de balancier avec le retour d'un important bloc de gauche face à la coalition présidentielle.

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