Législatives en France : "un revers majeur pour Emmanuel Macron"
À la une de la presse, ce lundi 20 juin, les réactions des quotidiens français et étrangers au second tour des législatives en France, où le camp présidentiel perd la majorité absolue à l'Assemblée nationale.
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À la une de la presse, les réactions au second tour des législatives en France, où le camp présidentiel perd la majorité absolue à l'Assemblée nationale.
Moins de deux mois après la présidentielle, les électeurs ont dit "non" à Emmanuel Macron, qui avait demandé une majorité "solide" pour gouverner. Un "séisme", d’après Les Échos, qui voient déjà la France "bloquée", et l'actuel gouvernement "condamné". Le gratuit 20 minutes parle d'une "douche froide" pour le chef de l'État, désormais "pris en étau" entre la Nupes, l'alliance de la gauche devenue la principale force d’opposition, et le Rassemblement national, dont la percée à l'Assemblée est historique, avec près de 90 députés contre 8 en 2017.
"La gifle", titre Libération. D’après le journal, le président "paie sa stratégie de l'esquive", durant la campagne, mais les électeurs auraient aussi sanctionné ce qui est "l'essence-même du macronisme", à savoir "sa prétention à aspirer la gauche et la droite". Un positionnement qui "aura finalement contribué à nourrir des oppositions radicales ou extrêmes".
A l'issue de ces législatives, aucun camp ne réunit de majorité absolue à l’assemblée. La Croix évoque un paysage politique "éclaté", mais aussi "barré par le brouillard d’une abstention massive", près de 54 %. Le journal s'inquiète de ce que ce manque de clarté puisse déboucher sur une instabilité politique, alors que la France doit affronter des "défis immenses" : la guerre en Europe, le réchauffement climatique, ou encore la hausse des taux d’intérêt, synonymes de pression accrue sur la dette publique.
Le Figaro se demande comment le président va pourvoir "gouverner l’ingouvernable" face à une Assemblée qui risque de se transformer en "chaudron bouillonnant de passions". Un accord de coalition avec la droite est-il possible? Faudra-t-il "dégager, au cas par cas, des majorités à géométrie variable" ? Le journal évoque déjà le risque, pour Emmanuel Macron, "de rester dans l’histoire comme le spectateur impuissant d’un quinquennat mort avant même d’avoir commencé". "Huit semaines après sa réélection, Emmanuel Macron aura besoin de trouver des alliés pour gouverner" : d’après Le Parisien, "le danger qui guette est (désormais) celui de l’immobilisme, que la France avait connu sous la IVème République".
En Allemagne, le Frankfurter Allgemeine Zeitung voit dans les résultats de ces législatives une "sanction du style d'Emmanuel Macron", ce jeune président "qui a trop souvent bafoué le Parlement" durant son premier mandat en prenant ses décisions seuls, dans un petit cercle", sans tenir sa "promesse de renforcer l'Assemblée nationale". Le quotidien allemand relève lui aussi que le chef de l'État a "évité les débats de fond" durant la campagne, marquée par plusieurs polémiques : les accusations de viol contre le ministre des Solidarités Damien Abad, réélu malgré ces allégations, et le chaos lors de la finale de la Ligue des champions au Stade de France. Des polémiques qui auraient "accru la méfiance" envers le camp présidentiel, selon le journal allemand.
Au Liban, L'Orient Le Jour souligne «"’affaiblissement" d'Emmanuel Macron, mais aussi "la percée historique de l’extrême droite", présentée comme "un revers majeur" pour le président "qui devra trouver des alliances pour mettre en œuvre son programme de réformes".
La presse étrangère s’interroge, elle aussi, sur la façon dont le président va pouvoir gouverner. Le journal suisse Le Temps évoque une "menace de paralysie", et même un risque de "blocages monstres" pour ce second mandat. Le quotidien établit un parallèle entre la situation d'aujourd'hui et celle qui s’était imposée à François Mitterrand après sa réélection en 1988. À l'époque, son Premier ministre Michel Rocard avait gouverné sans majorité absolue. Emmanuel Macron devra chercher lui aussi des alliances avec d'autres forces politiques, avec la possibilité qu'émergent des "frondeurs qui jugeront (sa) politique trop à droite ou trop à gauche".
En Belgique, Le Soir parle d’un "cauchemar" pour Emmanuel Macron, accusé d'avoir "joué avec le feu". "Il se rêvait en président fort, il doit maintenant se transformer en pompier pour sauver ce qui peut l’être", cingle le journal – qui juge les résultats de ces législatives "inquiétants aussi pour l'Europe". "Avec la France qui se réveille ingouvernable, c’est la seule puissance nucléaire de l’Union qui est affaiblie" : Le Soir se demande "comment va se positionner la France dans les crises majeures actuelles, la guerre en Ukraine, le plan de relance économique et la crise environnementale, avec une Assemblée aussi divisée et qui n’a sans doute jamais été aussi anti-européenne".
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