Le mot de l'éco. Multinationales : bientôt un impôt minimum mondial ?
Le mot de l'éco cette semaine, c’est le mot multinationales. Les ministres des Finances du G7 se réunissent à Londres vendredi 4 et samedi 5 juin. Pour la première fois depuis la pandémie, les grands argentiers de ce monde se retrouvent physiquement autour de la table avec au menu le principe d'une taxe mondiale sur les multinationales. Décryptage avec Isabelle Raymond, cheffe du service économie de franceinfo.
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franceinfo : Pourquoi une taxe mondiale maintenant ?
Isabelle Raymond : Il y a deux raisons à cela. D’abord il faut remplir les caisses des Etats qui dépensent beaucoup d'argent depuis plus d'un an pour cause de Covid. Des pays qui lorgnent du côté des grands gagnants de la crise sanitaire, à commencer par les multinationales du numérique dont les bénéfices ont explosé ces derniers moins et qui pourtant échappent largement à l'impôt pour cause de domiciliation dans des paradis fiscaux.
La deuxième raison, c'est le changement de position des Américains. Donald Trump était largement opposé à l'idée d'une taxe mondiale. Joe Biden, lui, est pour. Et cela change la donne.
Et quel serait le taux d'imposition minimum ?
C'est tout le débat. En avril, L'administration Biden s'est d'abord prononcée pour une taxe mondiale à 21%. Depuis elle a revu ses ambitions à la baisse, à 15% désormais. Et c'est maintenant sur ce taux que les pays doivent trouver un consensus ce qui est loin d'être gagné.
L'Irlande par exemple a déjà fait savoir qu'elle y était opposé. Et c'est normal puisqu'on son taux d'imposition à 12,5% est un de ses atouts majeurs.
Cela rapporterait combien aux différents pays une taxe mondiale sur les sociétés ?
Evidemment ça dépend où on place le curseur. Pour vous donner une idée, au niveau mondial, près de la moitié des pays ont un taux inférieur à 11%. Selon l'observatoire européen de la fiscalité lancé cette semaine par l'économiste français Gabriel Zucman, une taxe mondiale à 15% ferait rentrer 50 milliards d'euros de plus dans les caisses des Etats européens. Selon lui, ce taux est ridiculement faible et il plaide plutôt pour un plancher à 25%.
Car au milieu des années 1980, rappelle-t-il le taux d'imposition moyen sur les sociétés au niveau mondial était de 50%. En 40 ans, on est passé de 50 à 22, un moins disant fiscal qui favorise du même coup une concurrence malsaine entre pays.
Est-ce qu'un consensus est proche ?
Le sujet est extrêmement sensible. Cela fait trois ans maintenant que l'OCDE qui rassemble les 139 principaux pays du monde planche dessus. Mais l'occasion est historique. Entre besoin de financement des Etats et changement de position des Etats-Unis, l'alignement des planètes ne risque pas de se reproduire de sitôt. D'où l'espoir d'aboutir dans les prochains mois à un accord au moins sur les grands principes.