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Sports

JO-2024 : la triathlète Cassandre Beaugrand prête à exorciser Tokyo

EN ROUTE POUR PARIS Deuxième du classement général de la Super League Triathlon et de l’épreuve test sur le parcours olympique, Cassandre Beaugrand est désormais présélectionnée par la fédération pour les Jeux de Paris. Elle se sent prête à y briller et à faire oublier Tokyo. Rencontre. "Avoir rempli les critères de sélection enlève un poids", avoue Cassandre Beaugrand. Après une saison 2023 exemplaire, la triathlète de 26 ans a déjà un pied à Paris pour les Jeux olympiques, sauf incident de parcours ou blessure. Ses troisièmes JO après Tokyo et Rio. "Si je pouvais faire les critères, c’était mieux, mais je n’y pensais pas constamment. On est trois filles et on risque d’avoir trois 'slots' [des places pour la France dans la compétition, NDLR]. La pression n’était pas forcément là", relativise-t-elle. "Je voulais surtout performer tout au long de l’année." Objectif accompli pour la native de Livry-Gargan, près de Paris : elle a remporté les épreuves de Sunderland (29 juillet), de Hambourg (15 juillet) et terminé deuxième de l'événement test sur le parcours des JO (17 août). Longtemps à la tête du classement général, elle a cependant laissé échapper le titre de championne du monde lors de la "superfinale", la laissant sur une pointe d’amertume. "Au début de la saison, je me serais pleinement satisfaite de ma deuxième place, mais en arrivant en tête avant la grande finale, j’ai eu un mélange d’émotions à l’arrivée. Je me sentais vraiment en forme cette année, je savais que j’avais les capacités, mais j’ai une énorme frustration de ne pas pouvoir m’exprimer pleinement sur la dernière course [où elle a fini troisième, NDLR] parce que j’avais des crampes… C’est vraiment frustrant et ça me gâche un peu mes courses", avoue-t-elle, quelques semaines plus tard. Chasser les fantômes de Tokyo Cassandre Beaugrand se projette déjà sur la saison à venir, qu’elle compte planifier au mieux pour préparer la course olympique. "J’ai déjà eu une première vue sur le calendrier que je pourrais avoir et mon objectif est de rester le plus possible en Europe pour éviter le jet-lag, qui entraîne fatigue et perte de temps d’entraînement", explique-t-elle, notant que c’était déjà sa méthode en 2023. Elle espère surtout que le 31 juillet, elle pourra enfin mettre derrière elle l’énorme déception qu’ont constitué les JO de Tokyo de 2021 pour la Française. Elle est contrainte à l’abandon lors de l’épreuve individuelle alors que sa victoire sur l’épreuve test avait fait naître l’espoir de la voir devenir la première triathlète tricolore médaillée de l’Histoire. "J’étais au fond du trou", raconte-t-elle, avec un brin d’émotion. "C’était hyper difficile parce que Léonie Périault [qui termine cinquième, NDLR] est l’une de mes meilleures amies et je me devais d’être présente pour montrer que j’étais contente pour elle. Et en même temps, j’étais complètement détruite. On partageait la même chambre, elle était super contente parce qu’elle avait fait une superbe perf’, et moi, j’étais complètement au fond du trou." "Je m’étais beaucoup investie, je performais bien aux entraînements avant de partir à Tokyo et j’avais vraiment confiance en moi. J’ai mis la barre trop haut et je me suis mis la pression toute seule", constate-elle deux ans après. Le niveau de déception est tel que la fédération ainsi que ses coéquipiers et coéquipières craignent pour sa capacité à se remobiliser pour l’épreuve mixte : "Si tu vois quelqu’un au fond du trou, dans son lit et qui ne veut plus bouger, tu te dis : 'M***e, va falloir qu’elle se bouge quand même !'", préfère-t-elle désormais en rire. "Mais en relais par équipe, je suis capable de me transcender encore plus donc je savais que je serais présente au relais et que j’aurais envie de montrer ce que je vaux vraiment." Mais elle répond présente au moment d’écrire l’histoire de la première médaille olympique du triathlon français aux côtés de sa camarade de chambrée, ainsi que de Dorian Coninx et Vincent Luis. Un bref soulagement avant une période "compliquée" : "Je n’ai même pas voulu poursuivre ma saison. Je voulais qu’on me laisse tranquille. Je suis partie en vacances, et je ne voulais plus qu’on me parle de triathlon…", lâche-t-elle. Un nouveau souffle Depuis ses 17 ans, Cassandre Beaugrand faisait partie du Creps de Montpellier où est basé le pôle France de triathlon. Mais, après Tokyo, elle sent le besoin de se réinventer. Si, habituellement, les triathlètes ont plutôt tendance à migrer vers le sud pour chercher le soleil et les températures agréables pour leurs entraînements, Cassandre Beaugrand fait le pari inverse. Elle s’exile outre-Manche, en Angleterre, où elle rejoint son petit ami, membre de l’équipe nationale britannique de natation en eau libre. "J’avais envie de bouger, mais je ne savais pas forcément où aller. Finalement, c’est un super groupe. Je suis un peu partie à l’aveugle, la fédération avait un peu peur, mais je savais que j’étais travailleuse et je voulais prouver que j’avais fait le bon choix", explique-t-elle. "Je pense que ça m’a fait beaucoup de bien de partir en Angleterre. C’est un autre environnement, je vois une autre mentalité et ça m’a apporté d’autres choses", continue-t-elle. À Loughborough, Cassandre Beaugrand a accès au "nec plus ultra" pour un triathlète : un circuit fermé pour le vélo et la course à pied, un préparateur physique, un kiné… Elle profite également de la proximité des triathlètes britanniques comme Alex Yee. De quoi donner un nouveau souffle à sa carrière, et de laisser derrière elle la déception de Tokyo.

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