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Économie et marchés

Implant Neuralink cherche cerveaux humains pour essais et plus si affinités

NEUROSCIENCE Neuralink, la société d’Elon Musk qui développe un nouveau type d’implant cérébral, a commencé sa recherche de personnes handicapées pour des tests sur les humains. Cet appel à volontaires intervient, alors que Neuralink est accusé d’avoir fait preuve de cruauté envers des singes utilisés comme cobayes. L'implant Neuralink va, pour la première fois, été inséré dans le cerveau d'humains. À condition que la société d'Elon Musk trouve des volontaires. Cherche patients tétraplégiques volontaires pour tester pendant six ans un implant cérébral imaginé et promu par un milliardaire extravagant et controversé. La société américaine Neuralink, fondée par Elon Musk, a lancé mardi 19 septembre son appel à participer aux premiers essais cliniques sur des humains de son implant cérébral. Une technologie décrite tour à tour par son inventeur comme capable de rendre une certaine mobilité aux personnes paralysées, de permettre de jouer à des jeux vidéo par la pensée ou encore d’apprendre les langues en dormant. Mais en attendant, les essais à venir seront limités aux potentielles vertues thérapeutiques pour des individus souffrant de graves lésions neurologiques. Neuralink espère trouver neuf candidats tétraplégiques prêts à recevoir un implant qui “est clairement invasif et sera inséré dans le cortex moteur du cerveau [pour diriger les mouvements du corps, NDLR]”, résume Adrien Rapeaux, chercheur au Laboratoire pour les interfaces neuronales de prochaine génération de l’Imperial College. La promesse, outre un dédommagement pour "les coûts relatifs à l'essai" : que Neuralink leur permette ainsi de “contrôler par la pensée des dispositifs externes”, comme des prothèses de jambes ou de bras. Des fils plus fins qu'un cheveu “C’est probablement le prototype d’implants le plus perfectionné actuellement en développement”, assure Art Pilacinski, neuroscientifique au ClaesLab de neurotechnologie de la Ruhr-University de Bochum. Plus dithyrambique, Neuralink évoque un essai clinique révolutionnaire. En réalité, il existe d’autres implants cérébraux profonds qui ont été testés sur l’humain, “mais ils sont plutôt rares, et le dispositif imaginé Neuralink est nouveau”, résume Christian Claes, directeur du ClaesLab. C’est le premier implant constitué de fils ultrafins indépendants les uns des autres, sur lesquels sont accrochés les électrodes censées être insérées dans la boîte crânienne pour y capter les signaux neuronaux. La principale alternative d’implant invasif se présente sous la forme d’une sorte de petit tapis d’électrodes. La solution Neuralink présente le “double avantage d’être flexible et de fonctionner sans fil”, résume Art Pilacinski. Le fait qu’il ne soit pas rigide doit permettre à la personne de se mouvoir en minimisant le risque que l’implant fasse des dégâts au cerveau. C’est l’une des raisons principales pour laquelle, avec d’autres implants, le patient est prié de ne pas bouger.  Le fait que le dispositif Neuralink fonctionne sans fil est censé “le rendre invisible”, assure la société américaine. “Il n’y a pas, dans ce cas, de fil qui relie l’implant à la machine censée analyser et décoder les signaux captés dans le cerveau”, explique Christian Claes. C’est un avantage à la fois esthétique et qui doit, là encore, permettre de faciliter la mobilité de celui qui porte l’implant. Les volontaires pour les tests cliniques s’avanceront donc en terrain scientifique relativement inconnu. Et dans le cas d’une procédure nécessitant une intervention chirurgicale telle que l’ouverture de la boîte crânienne pour y insérer un dispositif qui n’avait encore jamais trouvé sa place dans un corps humain, ce n’est pas anodin. “Ce n’est pas une procédure aussi complexe qu’une opération à cœur ouvert, mais c’est une intervention qui comporte bien sûr des risques”, résume Christian Claes. Pour obtenir l’autorisation de faire des essais sur les êtres humains, Neuralink a dû démontrer aux régulateurs américains que les bénéfices potentiels étaient plus importants que les dangers. Et que tout avait été prévu pour minimiser ces risques. Risque d'infection et réaction immunitaire C’est probablement “pour cette raison que ces tests visent à rendre une certaine mobilité à des personnes lourdement paralysées, car il n’existe pas d’autres procédure pour y parvenir”, estime Adrien Rapeaux. La FDA (la Food and Drug Administration, compétente pour autoriser la commercialisation de médicaments) n’aurait probablement pas donné son feu vert si Neurolink avait proposé de tester une procédure aussi invasive sur des patients sains pour savoir si cela leur permettait de jouer à des jeux vidéo par la pensée. Le danger principal de cette opération réside dans le risque d’infection post-opératoire, ont expliqué tous les scientifiques interrogés par France 24. Dans la région du cerveau, les conséquences pourraient être catastrophiques. D’où l’intérêt du recours prévu à un robot, développé spécifiquement par Neuralink pour procéder à l’opération. “Il est beaucoup plus aisé de stériliser un robot qu’un humain ce qui réduit le risque d’infection”, souligne Art Pilacinski. Le robot présente un autre intérêt : son travail de précision peut réduire le risque de provoquer une forte réponse immunitaire. C’est un problème connu avec les implants : “Le système immunitaire les considère comme des corps étrangers et, comme il ne peut pas les détruire, il va les isoler en les entourant d’une couche de tissu dense”, explique Adrien Rapeaux. Ainsi mis à l’écart, l’implant va avoir beaucoup plus de mal à capter les signaux des neurones et, au final, ne servirait plus à rien. Pour minimiser la réponse immunitaire, il faut, par exemple, éviter les saignements. “C’est mission impossible pour un chirurgien humain, mais un robot très précis peut espérer se frayer un chemin entre les vaisseaux sanguins”, explique Adrien Rapeaux.  Le dispositif de Neuralink présente aussi un risque très spécifique lié à son fonctionnement sans fil. Il faut pourtant qu’il soit alimenté par une source d’énergie pour fonctionner - comme par exemple une petite batterie interne - et “cela entraîne un risque de surchauffe qui peut procurer une sensation d’inconfort plus ou moins forte”, note Art Pilacinski. Singes morts Enfin, ces tests permettront d’évaluer la réelle qualité de la communication entre le cerveau humain et le dispositif Neuralink. Jusqu’à présent, “Elon Musk a uniquement démontré qu’un singe équipé de l’implant pouvait jouer à Pong avec son cerveau, ce qui n’est pas vraiment neuf”, note Adrien Rapeaux. La plupart des tests ont d’ailleurs déjà été effectués sur des macaques. Et ce n’est pas forcément de nature à rassurer les éventuels volontaires. Neuralink a fait l’objet de trois enquêtes aux États-Unis pour déterminer si les expériences n’avaient pas été particulièrement cruelles avec ces cobayes, veulent croire les scientifiques interrogés.  Unelettre du comité de scientifiques pour une “médecine responsable” a, en outre, été envoyée le 20 septembre aux autorités demandant l’ouverture d’une enquête supplémentaire en détaillant les souffrances infligées aux singes qui, dans plusieurs cas, ont conduit les laborantins à euthanasier les bêtes.  Il est ainsi question “d’infections chroniques”, d’”œdèmes cérébraux”, ou encore “de bouts d’implants égarés dans le cerveau”. La lettre décrit des animaux cherchant à enlever les implants, d’autres pris de spasmes et, pour certains perdant l’équilibre après avoir été opérés pour l’insertion de l’implant. 

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