En France, le gouvernement envisage des restrictions des réseaux sociaux en cas d'émeutes
Le gouvernement français a confirmé, mercredi, qu'il envisage de "suspendre des fonctionnalités" sur les réseaux sociaux en cas de nouvelles émeutes, mais a assuré, par la voix de son porte-parole, que ces mesures resteraient temporaires et ponctuelles.
Emmanul Macron le 4 juillet 2023, face aux maires de communes dégradées par les émeutes. Ces violences ont éclaté un peu partout sur le territoire après la mort du jeune Nahel, tué par un policier au cours d'un contrôle routier.
Restreindre l'accès aux réseaux sociaux en cas de nouvelles émeutes ? Cette mesure, évoquée par Emmanuel Macron devant près de 300 maires de communes victimes de violences au cours des émeutes, a fait polémique. Au point que le porte-parole du gouvernement a clarifié le projet mercredi 5 juillet, en assurant qu'il n'a pas l'intention de procéder à un "black-out généralisé" des plateformes.
"Ça peut être des suspensions de fonctionnalités", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, en évoquant les outils à disposition lors de situations telles que les émeutes déclenchées par la mort du jeune Nahelle 27 juin.
"Des appels à l'organisation de la haine"
"Vous avez par exemple des fonctions de géolocalisation, sur certaines plateformes, qui permettent à des jeunes de se retrouver à tel endroit, en montrant des scènes, comment mettre le feu etc... C'est des appels à l'organisation de la haine dans l'espace public et là vous avez autorité pour pouvoir suspendre", a-t-il dit en rendant compte du Conseil des ministres.
Selon l'entourage du chef de l'État, Emmanuel Macron "n'a à aucun moment dit qu'il envisageait de couper les réseaux dans le sens d’un black-out généralisé". "Il s'agit de "pouvoir ponctuellement et temporairement suspendre des réseaux sociaux", a ajouté cette source.
"Nous avons besoin d'avoir une réflexion sur l'usage de ces réseaux chez les plus jeunes, dans les familles, à l'école, les interdictions qu'on doit mettre", a souligné le chef de l'État, selon des propos rapportés par la presse et confirmés par l'Élysée.
"On a pu le voir (..) quand les choses s'emballent pour un moment, se dire : on se met peut-être en situation de les réguler ou de les couper", a-t-il dit. "Il ne faut surtout pas le faire à chaud. Je me félicite qu'on n'ait pas eu à le faire", a-t-il ajouté.
"OK Kim Jong-un"
Les réactions n'ont pas tardé. "Couper les réseaux sociaux ? Comme la Chine, l’Iran, la Corée du Nord ?", a ironisé le président du groupe Les Républicains (LR) à l'Assemblée nationale, Olivier Marleix, sur Twitter en déplorant une "provocation de très mauvais goût".
"OK Kim Jong-un", s'est exclamée dans le même registre l'Insoumise Mathilde Panot, en référence au leader nord-coréen.
"Ce serait renoncer à l’idée que la démocratie soit plus forte que les outils qu’on détourne contre elle. Ce serait une erreur", a aussi estimé Éric Bothorel, député du parti présidentiel Renaissance.
Le ministre chargé de la Transition numérique, Jean-Noël Barrot, a proposé, mardi soir, au Sénat, la mise en place d'un groupe de travail sur les mesures à prendre en cas d'émeutes, qui pourraient être intégrées au projet de loi pour "sécuriser" Internet.
Avec AFP