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Emmanuel Macron se présente à nouveau comme le candidat du "travail"

LES MOTS DE LA CAMPAGNE Pour un candidat à l'élection présidentielle, le choix des mots est essentiel. L'utilisation de telle ou telle expression n'est jamais anodine. Tout au long de la campagne, France 24 vous explique les raisons ayant poussé un candidat à l'Élysée à prononcer un mot ou une expression. Cette semaine, le "travail" érigé en valeur suprême par Emmanuel Macron. "Il n'y a pas d'indépendance sans force économique. Il nous faudra donc travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production. Pour ne pas nous laisser imposer par d'autres les technologies qui rythmeront demain notre quotidien, il nous faudra aussi continuer d'investir dans notre innovation et notre recherche […]. C'est à la condition de cette reconquête productive par le travail que nous pourrons préserver et même améliorer ce modèle social auquel nous tenons tant et qui a fait ses preuves", écrit Emmanuel Macron, dans sa lettre aux Français officialisant, jeudi 3 mars, sa candidature à l'élection présidentielle. >> À voir et à lire sur France24.com : Qui sont les douze candidats à la présidentielle ? Pas moins de cinq occurrences des mots "travail" et "travailler" se trouvent dans ce court texte déclinant succinctement ce qui a été fait durant le quinquennat qui s'achève et, surtout, les grandes lignes de ce qu'Emmanuel Macron promet de réaliser en cas de réélection. La "valeur travail" devrait donc occuper une place centrale dans le discours du chef de l'État lors des prochaines semaines de campagne. À Poissy, pour son premier déplacement de président-candidat, lundi 7 mars, Emmanuel Macron n'a ainsi pas raté l'occasion de souligner l'importance du "travail" : "La première réponse au pouvoir d'achat, c'est le travail et nous allons continuer à faire en sorte que le travail paie mieux", a-t-il affirmé. La représentation du travail a évolué au fil du temps. La sociologue Dominique Méda distingue ainsi trois étapes : le XVIIIe siècle, durant lequel le travail est considéré comme facteur de production, le XIXe siècle, où il est assimilé comme étant l'essence de l'homme, et le XXe siècle, où il devient le pivot de notre société, déterminant la distribution des revenus, des droits et des protections. Avec la Seconde Guerre mondiale, le travail devient une idéologie. En France, le régime de Vichy souhaite tourner la page du Front populaire, responsable selon le maréchal Pétain de la défaite de 1940 en raison notamment de la mise en place de la semaine de 40 heures et des congés payés. Vichy glorifie donc le travail et l'inscrit dans la nouvelle devise nationale : "Travail, Famille, Patrie". Lors de l'après-guerre, la reconstruction impose le travail comme une nécessité. Puis la "valeur travail" cimente peu à peu le clivage gauche-droite : elle est ainsi mise en avant par la droite par opposition à une société de "l'assistanat" que proposerait la gauche et qui permettrait à certains de vivre sans travailler grâce aux aides sociales. Comme en 2017, Emmanuel Macron se présente comme "le candidat du travail" pour convaincre l'électorat de la droite modérée de voter pour lui. En revanche, le contexte a changé. Élu il y a cinq ans sur un programme centriste et se disant de droite et de gauche – le fameux "en même temps" –, l'ancien ministre de l'Économie de François Hollande a gouverné à droite durant son quinquennat, par idéologie mais aussi par stratégie politicienne. Emmanuel Macron considère en effet depuis son élection qu'avec une gauche divisée et une extrême droite incapable de convaincre une majorité de Français, seul le parti Les Républicains (LR) peut l'empêcher d'être réélu. En brandissant la "valeur travail", tout comme les notions d'effort ou de mérite, le président de la République utilise des mots clés qui ne manqueront pas d'être relevés par les électeurs éventuellement tentés de voter pour la candidate LR, Valérie Pécresse. Les autres "Mots de la campagne" sont à retrouver ici.

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