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Emmanuel Macron monte au front pour éviter tout embrasement social

COLÈRE SOCIALE Le président français Emmanuel Macron, le 5 janvier 2023, coupe une galette des rois géante lors de la traditionnelle cérémonie de l'Épiphanie à l’Élysée. Le président de la République multiplie les interventions en ce début d'année afin d'éteindre tout début d'incendie dans les différents secteurs en crise. La colère des boulangers, en particulier, est suivie de près par l'exécutif. Boulangers, le jeudi 5 janvier, soignants, le vendredi 6. Emmanuel Macron est bien décidé à circonscrire tout départ d'incendie qui pourrait mettre le feu aux poudres et faire exploser la colère sociale dans le pays. Avec une inflation toujours forte, les prix de l'énergie qui explosent, en particulier pour les artisans ne bénéficiant pas des tarifs réglementés de l'électricité, et la future réforme des retraites en toile de fond, l'exécutif sait que ce début d'année 2023 est explosif. >> À voir sur France 24 : France : les boulangers durement touchés par la crise de l'énergie Les boulangers ont ainsi été l'objet tout au long de la semaine de nombreuses attentions. À commencer, mardi 3 janvier, par l'annonce de la Première ministre, Élisabeth Borne, que les petites et moyennes entreprises (PME) pourraient "demander le report du paiement de leurs impôts et cotisations sociales" pour soulager leur trésorerie. Puis le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a fait savoir, toujours mardi 3 janvier, que les boulangers dont l'entreprise est menacée de fermeture pourraient résilier leur contrat d'électricité sans frais en cas de hausse "prohibitive". Une mesure "exceptionnelle" qui vise en priorité les artisans qui subissent la "double peine" de la hausse du prix de l'énergie et des matières premières, comme le blé. Enfin, jeudi, lors de la traditionnelle cérémonie de la galette de l'Épiphanie à l'Élysée, c'était au tour d'Emmanuel Macron d'exhorter les fournisseurs d'énergie à "renégocier" d'ici à la fin du mois d'éventuels "contrats excessifs" avec l'ensemble des très petites entreprises (TPE) et en particulier les boulangers. "J'en ai comme vous assez qu'on ait des gens qui, sur la base de la crise, fassent des profits excessifs", a même lancé le président de la République, adoptant un discours bien différent de celui qu'il portait à la fin de l'été lorsque le débat sur les superprofits faisait rage. La hausse des tarifs d'énergie, "une bombe à retardement" Le changement de ton n'est pas anodin. Emmanuel Macron connaît la puissance des symboles. Au-delà des aspects purement économiques, il y a comme une nécessité à sauver ces artisans-boulangers, emblématiques d'un savoir-faire à la française reconnu à l'automne avec l'inscription de la baguette au patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco, et que les Français côtoient au quotidien. Le président a bien conscience que la situation pourrait lui échapper à tout moment s'il ne fait rien. Lancé par le médiatique boulanger niçois Frédéric Roy avec trois confrères de Vendée, des Pyrénées et d'Auvergne, dont l'un a fermé et un autre a licencié du personnel, le Collectif pour la survie des boulangeries et de l'artisanat organise une manifestation à Paris le lundi 23 janvier. L'appel est lancé "à tous les artisans, les pressings, les bouchers, les restaurateurs mais aussi les traiteurs, les pâtissiers", indique Frédéric Roy, en bisbille avec sa fédération. La hausse des tarifs d'énergie est "une bombe à retardement", prévient-il, en répétant qu'outre l'énergie, le beurre, la farine et les autres ingrédients ont aussi augmenté. "Le bouclier tarifaire est un pansement sur une gangrène, ce n'est rien du tout", a-t-il affirmé mercredi sur CNews. Cette colère est d'autant plus préoccupante pour Emmanuel Macron que le Rassemblement national (RN) entend bien la récupérer. Dans une "lettre aux boulangers de France" tweetée mardi, le président du RN, Jordan Bardella, a dénoncé "l'indifférence du gouvernement Macron" et plaidé pour une sortie du marché européen de l'électricité. "La hausse du coût de l'énergie vous frappe durement et menace vos activités, avec une facture d'électricité qui explose. Face à cette situation intenable, Emmanuel Macron et son gouvernement ne semblent pas mesurer l'urgence de votre situation : la mesure d'amortissement de prix de 20 % pour les professionnels n'est pas suffisante", écrit-il. Mise en scène de l'agacement présidentiel sur les numéros verts Pour faire redescendre la pression, l'exécutif a donc lancé une "opération baguette", relayée par nombre de députés de la majorité, qui se sont affichés auprès de boulangers de leur circonscription, et par le parti présidentiel Renaissance, qui va distribuer en urgence aux commerçants et artisans un tract, intitulé "On protège, on agit", pour rappeler les aides gouvernementales. À l'affut de l'étincelle qui pourrait embraser la colère sociale, le pouvoir était déjà intervenu avant Noël pour mettre la pression sur la direction de la SNCF, confrontée à une grève [organisée par un collectif et non un syndicat] des contrôleurs de trains en pleines fêtes de fin d'année. Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a dévoilé jeudi son plan pour améliorer le fonctionnement de la justice, dont les acteurs se disent en "souffrance". Et Emmanuel Macron a assuré vendredi matin vouloir "mieux rémunérer" les médecins de ville, en grève depuis Noël, qui ont manifesté par milliers jeudi à Paris. "On est beaucoup plus en alerte sur des sujets moindres : les boulangers, les contrôleurs", glisse une source gouvernementale à l'AFP, évoquant "l'irruption de sujets qui apparaissent très sectoriels mais qui peuvent produire une fusion entre eux, et qui révèlent une colère". Le chef de l'État parviendra-t-il à calmer les esprits ? Il cherche en tout cas à se montrer "à l'écoute" des Français, comme en témoigne la mise en scène, jeudi, de son agacement contre les numéros verts qui "ne marchent pas" et autres "sites Internet" qui renvoient vers "des circulaires absolument illisibles ou des tableaux incompréhensibles". Emmanuel Macron s'était pourtant montré jusqu'ici grand amateur de numéros verts : au moins une douzaine ont été créés, selon Libération, depuis son arrivée à l'Élysée.

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