"Du jamais-vu" : le nord-ouest de la France en alerte maximale à l'approche de la tempête Ciaran
La tempête Ciaran frappe l'ouest de la France mercredi, avec un pic attendu dans la nuit. Les rafales devraient atteindre jusqu’à 180 km/h sur les côtes bretonnes et celles de la Manche. Le Finistère, les Côtes-d’Armor et la Manche sont placés en vigilance rouge à partir de minuit tandis que trente départements seront concernés par une vigilance orange.
Un homme marche sur le front de mer avant la tempête Ciaran, le 1er novembre 2023, à Arcachon, dans le sud-ouest de la France.
Transports limités jeudi, vigilance orange étendue à 30 départements, appels à la prudence : les autorités ont multiplié les mises en garde mercredi 1er novembre alors que la puissante tempête Ciaran s'apprête à déferler sur un grand quart nord-ouest du pays.
Météo-France a placé trois départements (Finistère, Côtes-d'Armor et Manche) en vigilance rouge, le niveau d'alerte maximal, entre mercredi minuit et jeudi 10 h.
Les vents, qui frapperont la Bretagne à partir de minuit, pourraient atteindre 170 km/h en rafales au large de la pointe bretonne et du Cotentin dans les heures qui suivent. Ils pourraient souffler jusqu'à 130 km/h à l'intérieur des terres, voire plus dans le Finistère. Des vagues de huit à 10 mètres sont attendues sur le littoral atlantique.
Le nombre de départements qui seront placés en vigilance orange, pour vagues-submersion, vent ou pluie-inondation, est quant à lui passé de 17 à 30, indique Météo-France. Parmi les nouveaux départements classés en orange figurent une partie de l'Ile-de-France, dont Paris, pour vents violents.
De ce fait, la SNCF a annoncé prévoir jeudi matin des "arrêts préventifs des circulations ferroviaires" sur une partie du RER A, plusieurs lignes du transilien (L, J, U et partiellement N) et le tram T13.
Tout le littoral du Pas-de-Calais aux Pyrénées-Atlantiques est désormais en vigilance orange vagues-submersion pour jeudi, de même que les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes. La Corse-du-Sud est également en vigilance orange pour orages ainsi que pluie-inondation.
Les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais ont annoncé une intensification du dispositif d'accueil des migrants sur le littoral, avec deux gymnases dans le Nord et "plusieurs locaux d'hébergements spécifiques" dans le Pas-de-Calais. Les maraudes menées par les associations mandatées par l'État ont été "renforcées" dans les deux départements.
Emmanuel Macron a appelé les "habitants des départements en vigilance" à ne pas prendre "de risque" et à rester chez eux. "Une tempête majeure va frapper dès ce soir une partie du pays. Aux habitants des départements en vigilance : ne prenez pas de risque. Restez chez vous et prenez des nouvelles de vos proches isolés", a écrit le chef de l'État sur les réseaux sociaux.
Appels à la prudence
Un peu partout sur le littoral, les appels à la prudence, notamment pour les promeneurs et les plaisanciers, se sont multipliés. Dans le port de Landéda (Finistère), bonnet vissé sur la tête, Bernard, un plaisancier qui n'a pas souhaité donner son nom, est venu renforcer les amarres de son voilier.
"J'ai encore jamais vu ça, sur Windguru (une application météorologique, NDLR), annoncer des vents à plus de 90 nœuds (soit 167 km/h, NDLR)! (...) Je pense qu'il faut être prudent, si jamais ça se vérifie et que le vent monte à ce niveau-là, ça va peut-être secouer", dit-il à l'AFP.
"Ce qu'il y a à craindre ici, à l'Aber Wrac'h, c'est surtout les vents de nord-ouest, donc plutôt en fin de passage, c'est à dire demain matin. On va donc se préparer pour amarrer tous les bateaux, démâter certains catamarans, et tout ranger derrière le club", espère Laurent Herlédan, directeur du centre nautique de Landéda.
En raison notamment des risques de chutes d'arbre liés aux vents violents, le secteur des transports fonctionnera au ralenti jeudi dans l'ouest du pays. "Sur le plan routier, nous avons pris des mesures via les préfectures d'interdiction de circulation des poids lourds (...) Cela sera poursuivi dans la journée de demain, notamment dans toute la région Bretagne", a affirmé le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune.
Les aéroports de Brest et de Quimper notamment "ne seront pas en service entre la fin d'après-midi et au moins la matinée de demain", a-t-il ajouté.
Pour les trains, la circulation des TER en Bretagne, Normandie, Hauts-de-France, Pays de la Loire et Centre-Val de Loire sera interrompue de mercredi soir à vendredi matin. Quant aux TGV, si 90 % d'entre eux devraient circuler, la circulation sera interrompue sur les axes Paris-Le Mans et Paris-Nantes.
Outre les vents, Météo-France s'inquiète d'un "épisode pluvieux donnant d'importantes quantités de précipitations en peu de temps sur des sols déjà saturés", avec notamment de possibles chutes d'arbres encore très feuillus.
Des vagues jusqu'à 10 mètres
L'agence météorologique prévient également que la tempête va susciter un "phénomène vagues-submersions remarquable (...) Le déferlement de grosses et puissantes vagues, associé à des niveaux marins relativement élevés, nécessite une vigilance toute particulière".
Ces vagues-submersions, qui pourraient atteindre huit à 10 mètres selon les secteurs, a rappelé la préfecture maritime, s'avèrent particulièrement dévastatrices sur le littoral où des promeneurs imprudents sont régulièrement emportés.
À Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), le dispositif d'alerte aux vagues-submersion a été déployé sur le littoral, comme lors de chaque épisode de forte houle annoncé. Au plus fort de l'alerte, attendu jeudi entre 16 h et 23 h dans cette ville, l'accès aux plages, promenoirs et locaux exposés en front de mer sera interdit, tout comme les activités nautiques. Une ligne continue de sacs de sable de protection, appelé "big bags", a été mise en place.
La Grande-Bretagne se prépare également à l'arrivée de Ciaran, notamment la pointe sud-ouest et le pays de Galles.
Les événements météorologiques extrêmes (cyclones, canicules, inondations, sécheresses...) sont des phénomènes naturels. Mais le réchauffement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre générés par l'activité humaine peut les amplifier.
Concernant plus précisément les phénomènes de vagues-submersions sur les côtes, ceux-ci risquent de devenir plus dangereux avec la montée du niveau de la mer liée à la fonte des glaces, en particulier lors des tempêtes.
Avec AFP