Cyberdéfense : comment la France traque les "infox"
Dans des bureaux à Paris, ils sont 80 militaires et civils à enquêter sur les "infox". À l’aide de leur clavier et de lignes de code, chaque groupe a un rôle bien précis. Ces experts défendent un pays contre les cyberattaques, une île imaginaire au large du Royaume-Uni. Sur un écran, chaque petit ordinateur correspond à un système vital comme des hôpitaux ou des centrales nucléaires menacés par des attaques. Pour éviter que le voyant passe au rouge, signe que la bataille est perdue, l’adjudant Guillaume, administrateur de système, tente de repérer et traquer les adversaires à temps. Ces attaquants, basés en Estonie dans une base de l’Otan, sont ici des ennemis fictifs. Si la France s’entraîne autant, c’est qu'elle est déjà en guerre sur le terrain de la désinformation. En Centrafrique et au Mali, les soldats de la force Barkhane sont, selon eux, attaqués sur les réseaux sociaux. Par exemple, une accusation affirmait qu’ils auraient dissimulé un charnier près d’un camp à Gossi (Mali). L’armée française déclare que c’est une mise en scène orchestrée par des soldats russes du groupe Wagner.
Facebook aurait supprimé des faux comptes créés par des militaires français
Sur Facebook, des comptes anonymes apportent en revanche leur soutien à la France, en étant parfois très virulents contre les Russes. Le réseau social aurait déjà supprimé 150 faux comptes créés par des militaires français. Une stratégie d’influence aux limites de la désinformation mais qu’assume le commandement. "Dans le cadre justement de la stratégie militaire, parfois on va chercher à influencer l’adversaire, à lui faire croire autre chose. Aujourd’hui, on n’a pas le choix, c’est inéluctable. On a besoin d’être présent dans ce champ du numérique, dans cette conflictualité, il y a vraiment des enjeux de sécurité et de défense", explique le général Didier Tisseyre, commandant de la cyberdéfense. Selon les informations de France Télévisions, ils seraient des dizaines de militaires dédiés à cette tâche, mobilisés sur la situation en Afrique tout en surveillant la guerre en Ukraine.