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Sports

Coupe du monde de rugby : le Japon a pris du grade

Le XV du mois Présent à chaque Coupe du monde de rugby depuis sa création en 1987, le Japon a changé de statut lors des deux dernières éditions. Le pays a obtenu des résultats renversants en s'appuyant sur des joueurs locaux et des renforts étrangers. Et il espère bien réussir à bousculer une nouvelle fois la hiérarchie mondiale cet automne en France.  Pour l’avoir porté 71 fois, Luke Thompson connaît bien le maillot de la sélection japonaise. Il a notamment disputé quatre Coupes du monde de rugby avec les "Cherry Blossoms", également appelés "Brave Blossoms". Et il pense qu’un élément invisible viendra s’ajouter lors de la prochaine édition en France : "une cible dans le dos". Car les Japonais, quart-de-finalistes en 2019, ont acquis un nouveau statut international. "Personne ne pourra se permettre de faire la sieste contre eux", prévient ce joueur expérimenté dans un entretien accordé à l’agence Associated Press.  Âgé de 42 ans, ce troisième-ligne, qui joue toujours dans le championnat japonais, a mis un terme fin 2019 à douze années de carrière internationale. Il a vu la sélection nippone monter progressivement les échelons mondiaux : 3 défaites et un match nul contre le Canada en 2007 et 2011, 3 victoires, dont un succès historique contre l’Afrique du Sud en 2015 et 4 matches gagnés en 2019, notamment face à l’Irlande et l’Écosse, qui ont offert aux Japonais leur première qualification en quarts de finale. Celui-ci s’est soldé par un revers à Tokyo contre l’Afrique du Sud (3-26), qui remportera ensuite cette Coupe du monde organisée au Japon. Né en Nouvelle-Zélande, Luke Thompson a fait partie des nombreux joueurs étrangers venus accompagner la progression du XV du Japon. Le championnat local lucratif attire de nombreux joueurs des nations du Pacifique, notamment des Tonga. Et comme le règlement international permet à un joueur ayant résidé trois années d’affilée dans un pays d’en rejoindre la sélection nationale – à condition de ne pas avoir représenté un autre pays auparavant – beaucoup de joueurs tongiens, néo-zélandais, sud-africains, fidjiens, coréens ou australiens ont fait le choix depuis une vingtaine d’années de défendre les couleurs du Japon. L’apport des joueurs étrangers  L’équipe alignée lors du Mondial-2023 ne dérogera pas à la règle puisque sur les 36 joueurs préselectionnés pour préparer cette compétition, 17 ne sont pas nés sur le sol nippon. Certains d’entre eux possèdent des liens très forts avec le pays du Soleil levant, à l’instar de l’emblématique troisième-ligne Michael Leitch. Ce natif de Nouvelle-Zélande est arrivé au Japon à l’âge de 15 ans pour étudier. Et il a ensuite connu les équipes de jeunes du Japon avant de rejoindre la sélection senior en 2008. Il en était le capitaine lors des éditions 2015 et 2019 de la Coupe du monde et espère bien, à 34 ans, disputer celle que la France va accueillir. Le sélectionneur du Japon, Jamie Joseph, connaît bien, lui aussi, les cultures néo-zélandaise et japonaise. Remplaçant chez les All Blacks lors de la finale de la Coupe du monde 1995 contre l’Afrique du Sud, il était entré en jeu juste avant la mi-temps de cette rencontre finalement gagnée par les Springboks. Jamie Joseph venait alors d’honorer sa vingtième et dernière sélection avec la Nouvelle-Zélande. Il a ensuite rejoint le championnat japonais et avait eu l’autorisation de jouer pour les Cherry Blossoms avec lesquels il a participé à la Coupe du monde 1999. À la tête de la sélection japonaise depuis 2016, Jamie Joseph s’efforce de trouver un équilibre entre des joueurs expérimentés et de jeunes pousses locales. "Nos points forts sont notre investissement et la façon dont nous nous préparons. Nous avons aussi un jeu très offensif qui s'appuie sur notre condition physique, notre adresse et notre vitesse. C'est un jeu un peu moins orthodoxe que celui de nos adversaires", analyse le sélectionneur Jamie Joseph, en insistant sur “l’énorme éthique de travail" de ses joueurs.  Il a vu le rugby se transformer sur l’archipel avec le lancement, voilà deux ans, du Japan Rugby League One, un championnat semi-professionnel. Ce dernier regroupe 25 équipes réparties dans trois niveaux, avec une élite à 12 clubs qui attire de très nombreuses stars du rugby mondial. Souvent en fin de carrière, elles contribuent à élever le niveau d’une compétition qui s'efforce de séduire de plus en plus de spectateurs et de développer la pratique de ce sport. Environ 125 000 joueurs sont actuellement recensés dans les quelque 3 600 clubs du pays, avec une très forte présence dans le monde de l’entreprise et le milieu universitaire.  Une préparation relevée L'organisation en 2019 de la Coupe du monde, la première en Asie, a logiquement suscité un engouement inédit pour cette discipline au Japon. Les joueurs japonais jouissent chez eux d'une grande popularité, particulièrement ceux qui ont réussi à exploser sur la scène internationale. C'est le cas des arrières Ayumu Goromaru et Kotaro Matsushima qui ont évolué en France dans le Top 14, respectivement avec les clubs de Toulon et Clermont. Le solide troisième-ligne Kazuki Himeno, passé par les Highlanders de Nouvelle-Zélande en 2021, pourrait bien les imiter en rejoignant un grand club européen au cours des prochains mois.  Kotaro Matsushima, présent dans la présélection en vue de la Coupe du monde, est revenu jouer cette saison au Japon. Il s’apprête à y vivre une préparation intense avec ses coéquipiers des Brave Blossoms ponctuée de 5 rencontres : deux contre les All Blacks 15, l’équipe B de la Nouvelle-Zélande, puis trois test-matches contre les Tonga, les Samoa et les Fidji. Les Japonais retrouveront les Samoa dans le groupe C du Mondial-2023, avec un match le 28 septembre à Toulouse. Les autres adversaires des Japonais en phase de poules seront le Chili, petit poucet de la compétition, et les redoutables XV d’Angleterre et d’Argentine. Le défi s’annonce relevé pour la sélection nippone, qui occupe actuellement la 10e place mondiale. Et si elle a su prouver dans un passé récent qu’elle pouvait battre en Coupe du monde des équipes mieux classées, elle ne pourra pas cette fois profiter de l’effet de surprise tant les rugbymen japonais ont brillé lors des deux dernières éditions.

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