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Coup de filet dans le crime organisé : "Ça démontre qu’il n’y a pas vraiment d’endroit où ils peuvent se cacher", estime un expert en cybersécurité

Coup de filet dans le crime organisé : "Ça démontre qu’il n’y a pas vraiment d’endroit où ils peuvent se cacher", estime un expert en cybersécurité Gérôme Billois salue l'opération qui a conduit à l'arrestation de plus de 800 personnes dans le monde, dans le cadre de la lutte contre le crime organisé. Les malfaiteurs avaient utilisé sans le savoir des téléphones fournis par le FBI, la police fédérale américaine.  "C'est impressionnant", réagit Gérôme Billois, expert en cybersécurité au cabinet de conseil Wavestone, ce mardi 8 juin sur franceinfo, après le gigantesque coup de filet mondial contre le crime organisé. Des milliers de malfaiteurs sont tombés dans le piège tendu par le FBI, Europol et les forces de police d'une quizaine de pays au total. Ils ont utilisé des téléphones cryptés distribués dans le cadre de cette opération policière d'infiltration baptisée "Bouclier de Troie". Des téléphones qu'ils se sont eux-mêmes redistribués pensant qu'ils étaient sûrs. franceinfo : Êtes-vous impressionné par cette opération ? Gérôme Billois : Oui, c’est impressionnant. Cela fait suite à d’autres opérations, mais là ça a franchi une étape supplémentaire avec la fabrication de ce matériel par les équipes de police, et leur réussite “marketing” quelque part du fait que les criminels adoptent ce service. Technologiquement, c’est l’opération la plus sophistiquée du monde. Le crime organisé a aussi fait sa transformation numérique. Comme nous, tous les criminels utilisent les messageries instantanées, des téléphones, mais ils en connaissent les risques. Donc il fallait vraiment aller en profondeur, pour arriver à les faire utiliser quelque chose qui les fait courir à leur perte. Finalement les malfaiteurs se sont passés les menottes les uns aux autres ? Oui, c’était le principe. Les criminels le savent bien, aujourd’hui les forces de police, les services de renseignement ont des capacités d’accès à un certain nombre de messageries plus ou moins sécurisées, légalement. Donc là ils avaient une confiance toute relative, du fait que c’était un de leurs pairs, qui leur avait recommandé ce téléphone très particulier qu’ils ne pouvaient activer que en ayant un code de leurs pairs, il y a un réseau de confiance qui s’est installé. Est-ce qu’un autre système de communication cryptée va prendre le relais ? C’est évident, parce que quel que soit le coup qui a été porté au crime, le crime existe depuis des milliers d’années, ce n’est pas en une fois qu’il va s’arrêter. Donc je pense que ça va amener à la migration de ces communications vers d’autres plateformes où les criminels seront peut-être plus attentifs, même si ça démontre bien qu’il n’y a pas vraiment d’endroit où ils peuvent se cacher. Est-ce que ça veut dire les forces de l’ordre ont rattrapé leur retard technologique ? On est toujours dans le jeu du chat et de la souris. On avait vu beaucoup d’écoutes téléphoniques classiques il y a des années et puis les criminels étaient passés sur des messageries plus contemporaines, puis ils ont vu qu’elles pouvaient avoir des limites, alors ils sont passés sur ces messageries et ces téléphones ultra-spécialisés. Le prochain mouvement on ne sait pas lequel il sera mais en tous cas il y en aura un parce qu’ils ne peuvent pas se passer de cette capacité de communication instantanée pour conduire leurs crimes.

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