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Comment la danse classique suscite de nouvelles vocations grâce, entre autres, aux réseaux sociaux

Le film "En corps" de Cédric Klapisch remporte un succès inattendu considérant son sujet, la danse, avec plus d’un million d’entrées depuis sa sortie le 30 mars. Preuve que cet art fascine toujours et tend à se démocratiser, notamment grâce aux réseaux sociaux. Après Billy Elliot, y aura-t-il un effet En Corps dans les écoles de danse ? Il est trop tôt pour le dire même si le film de Cédric Klapisch à l'affiche depuis le 30 mars avec Marion Barbeau, première danseuse à l'Opéra de Paris en tête d’affiche, a déjà dépassé le million d'entrées au cinéma. Ce qui est sûr c'est que la danse ne connaît pas la crise. "Dans l’éducation française, on met la petite fille à la danse, le garçon au foot", résume, fataliste, Arnaud Dreyfus, un ancien danseur de l'Opéra de Paris devenu professeur de danse classique et chorégraphe. Il note tout de même une évolution des profils et des pratiques, à laquelle il participe dans sa classe. Pas question pour lui de tyranniser ses élèves. "Il faut surtout que l’enfant soit heureux. Si c’est pour en faire un danseur malheureux, je ne suis pas d’accord", réfutant ainsi l’image du professeur de danse classique muni d’une baguette ou qui s’assied sur l’élève pour forcer un grand écart. Arnaud Dreyfus a également participé à l'application "Ballet" pour laquelle il a répertorié les pas et créé les exercices.  Car une autre méthode pour démocratiser la danse classique, c'est le recours aux réseaux sociaux. Depuis le confinement, de nombreux danseurs et danseuses étoiles partagent leur passion sur Instagram et TikTok. Une bonne chose, observe Arnaud Dreyfus : "Il y a des spectateurs qui viennent voir Monsieur X, Madame Y ou Madame Z alors qu’avant, quand ils allaient voir un ballet à l’opéra, ils ne savaient pas qui dansait."  Pour ne pas louper le coche, l'Opéra de Paris s'y est mis lui aussi et compte aujourd'hui près de deux millions d'abonnés sur son compte Twitter. "Tout ce qui peut aider à créer un lien est de nature à favoriser la venue et l’intérêt d’un public, qu’il habite à Paris ou très loin", abonde Marjorie Lecointre, sa directrice de la communication. Pour continuer d'élargir son public et le renouveler, l'Opéra propose aussi des offres spéciales pour les jeunes et les familles. "On a mis en place des soirées qu’on appelle des avant-premières jeunes, réservées aux moins de 28 ans avec le prix du billet à 10 euros, présente Marjorie Lecointre. Ça représente près de 25 000 billets par an".   Laure Cappelle, journaliste, sociologue et écrivaine, spécialisée dans la danse, confirme l'évolution de la perception de la danse classique. Mais elle reste prudente. "C’est vrai qu’il y a aussi une question d’image pour ces compagnies. C’est important de montrer qu’on fait la démarche d’aller chercher des publics qui n’iraient peut-être pas spontanément à l’Opéra. Mais il faut bien garder à l’esprit que, malgré tout, le prix des places reste très cher dans des lieux comme l’Opéra de Paris et a beaucoup augmenté, insiste-t-elle. La question est : est-ce qu’on peut accéder, quand on a pas tant de moyens que ça, qu’on vient d’un milieu où la danse classique n’est pas une pratique ? Est-ce qu’on va passer cette étape de ‘je vais acheter une place’ pour aller à l’Opéra de Paris sans vraiment savoir ce que je vais voir ?", détaille la spécialiste. Toujours dans cette démarche d'aller chercher des nouveaux publics, le centre national de la Danse (CND), basé en Seine-Saint-Denis, a ouvert l'année dernière une école de l'égalité des chances. Les élèves y sont formés gratuitement à toutes les danses : l'école affiche complet.

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