Commémorations des attentats du 13-Novembre : "J'ai l'impression que ça va aller mais en réalité ça me touche toujours"
Les hommages aux victimes des attentats du 13-Novembre ont lieu samedi, alors que le procès de ces attaques a démarré au mois de septembre. Pour les victimes et leurs proches, les cérémonies ont donc cette année une résonnance particulière.
Six ans après les attentats terroristes du 13 novembre 2015, les victimes et leurs proches rendent hommage samedi aux personnes touchées au Stade de France, sur les terrasses parisiennes et dans la salle de concert du Bataclan. Le Premier ministre Jean Castex doit se rendre sur les différents lieux visés par les attaques, accompagné de plusieurs membres du gouvernement. En 2021, ces commémorations se déroulent dans un contexte particulier puisque le procès de ces attentats est en cours depuis le mois de septembre.
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Chaque année, au mois de novembre, Yann, rescapé de la fusillade sur la terrasse du Petit Cambodge, sent monter la douleur. "Parfois, j'ai l'impression que ça va aller mais en réalité ça me touche toujours", témoigne-t-il. Cette année ne fait pas exception. Pour lui qui vient tous les jours au procès, les commémorations auront une symbolique particulière. "C'est important pour moi qu'on se réunisse cette année. C'est un peu ce qui se passe avec le procès même si tout le monde n'y vient pas."
En fin de matinée, le président de l'association de victimes Life for Paris prendra la parole sur le parvis de la mairie du 11e arrondissement de Paris. Ce moment sera spécial à double titre : "Premièrement, nous n'avons pas pu commémorer le cinquième anniversaire comme on le voulait en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19. Il y a donc une attente naturellement plus forte de pouvoir se retrouver", explique Arthur Dénouveaux.
Le contexte judiciaire a lui aussi évidemment une incidence. "Le procès, notamment les cinq semaines de témoignages, a certainement changé la manière dont la société comprenait le 13-Novembre." Il juge que la globalité de ces attaques est beaucoup ressortie des audiences. "Chaque année, le message au moment du discours était de rappeler que ce ne sont pas les attentats du Bataclan mais ceux du Stade de France, des terrasses et du Bataclan. Je crois que nous n'aurons plus besoin de le marteler parce que ce procès l'a ancré une fois pour toute dans la mémoire collective."
Entretenir la mémoire collective
Pour certaines victimes, il va falloir entretenir cette mémoire collective pour ne pas sombrer dans l'oubli. "On se projette sur l'avenir", explique José Munoz, le père de Victor, tué sur la terrasse de La Belle Equipe. "On a peur que dans cinq ou six ans, ça devienne un élément parmi tant d'autres", explique ce père endeuillé qui raconte que c'est la raison pour laquelle il a adhéré à l'association de victimes 13onze15. "La centaine d'adhérents qui viendra manger avec nous le 13 novembre confirme qu'il y a une fraternité qui existe et c'est superbe", se console-t-il, affirmant qu'il se battra "toujours" pour la mémoire.
Il précise cependant les victimes et leurs proches, "[font] cette commémoration tous les jours". Lui, depuis six ans, va au moins trois fois par semaine se recueillir sur la tombe de son fils, enterré au cimetière du Père Lachaise.