"Ce type d’actes ne doit pas rester impuni" : au procès du hacker Ulcan, les parties civiles espèrent une condamnation
Le hacker et militant sioniste Ulcan est jugé pour plusieurs canulars malveillants, notamment à l’encontre de la maire de Lille Martine Aubry ou du journaliste Pierre Haski.
Plus discret aujourd’hui, Ulcan – de son vrai nom Gregory Chelli – se proclamait, en 2014, être un justicier cherchant à nuire à quiconque s'en prenait, selon lui, à Israël. Auteur de multiples canulars extrêmes, il est pour la première fois jugé jeudi 4 mars au tribunal correctionnel de Paris. Cinq dossiers seront, en tout, à l’examen.
Ainsi, lorsque après l’offensive israélienne à Gaza en 2014, Martine Aubry, maire de Lille, avait suspendu un jumelage avec une ville israélienne, Ulcan cible l’élue nordiste. Auteur d’appels malveillants et de menaces, le hacker ira jusqu’à appeler les gendarmes en se faisant passer pour le mari de la maire de Lille et déclarer qu’il vient de la tuer à coup de couteau. "Ce sont des souvenirs très douloureux pour elle, relate Me Mathieu Henon, avocat de Martine Aubry. Cela n’a rien d’un canular, ça ne fait rire personne. On voit de plus en plus de faits de piratage commis sur le territoire français. Ce type d’actes ne doit pas rester impuni et doivent recevoir une réponse pénale."
Un canular aux conséquences mortelles
Certains piratages d'Ulcan ont eu des conséquences plus graves encore. Comme lorsqu'il s’est fait passer pour un officier de police annonçant à des parents la mort de leur fils, un journaliste du site d'informations Rue 89, qui avait écrit un portrait peu flatteur du hacker. Le père du journaliste succombera quelques jours plus tard à un infarctus. Ce dossier-là fait l'objet d'une autre procédure.
Patron de Rue 89 à l'époque, Pierre Haski, figure jeudi 4 mars sur le banc des parties civiles. Lui aussi a eu devant son immeuble des policiers lourdement armés au motif qu'il aurait tué sa femme. "La rue était bloquée, il y avait des ambulances, des gens de la BAC", se souvient le journaliste.
Même si Ulcan a souvent revendiqué ses canulars et en a même fait vivre certains en direct sur sa plateforme baptisée "Violvocal", la difficulté sera, pour le parquet, de prouver que tous ces piratages sont bien son œuvre. "Quand on regarde les dossiers, la plupart sont vides, il n’y a pas d’éléments qui puissent montrer que monsieur Chelli ait été à l’origine des faits qu’on lui reproche, assure l’avocat du hacker, Me William Goldnadel. Il manque tout. Je pourrais non seulement dire facilement que ce n’est pas lui, mais je n’aurais même pas à le dire, parce que c’est aux autres de m’expliquer que c’est lui." L’intéressé, qui vit depuis plusieurs années en Israël, pays dont il a pris la nationalité, n'est pas présent au procès et craint assez peu d’être inquiété, car aucun accord d’extradition n’existe entre Israël et la France.