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Insolite et Faits divers

Ce que l'on sait des échauffourées qui ont agité la métropole lyonnaise ces trois dernières nuits

La Duchère à Lyon jeudi soir, Rillieux-la-Pape vendredi, puis Bron samedi ont été le théâtre de troubles qui ont conduit à une vingtaine d'interpellations. Les forces de l'ordre viennent de recevoir des renforts de Paris pour prévenir une éventuelle escalade. Jusque tard dans la nuit, la police a dû quadriller la zone. Après Rillieux-la-Pape et le quartier lyonnais de la Duchère, les forces de l'ordre sont intervenues dans le quartier Parilly, à Bron, samedi 6 mars, théâtre d'échauffourées avec de jeunes habitants. C'est la troisième soirée de troubles dans la métropole lyonnaise. Pour autant, aucun lien n'est a priori établi entre les violences survenues dans ces différents quartiers, éloignés les uns des autres de plusieurs kilomètres. Au total, "21 interpellations" ont eu lieu "dans l'agglomération lyonnaise ces dernières heures", a annoncé sur Twitter, samedi soir, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur. Franceinfo résume ce que l'on sait de ces violences. Que s'est-il passé ? A la Duchère. Dans ce quartier du 9e arrondissement de Lyon, jeudi soir, six voitures ont été incendiées, tandis que deux motos, des poubelles et des abribus ont été détruits, a constaté une journaliste de franceinfo sur place. Il n'y a pas eu de blessé. De brefs heurts ont opposé de jeunes habitants à des forces de l'ordre qui intervenaient, selon la mairie, après une série d'incendies volontaires de poubelles et de voitures. La police a fait usage de gaz lacrymogène. C'est la chute d'un adolescent de 13 ans à scooter, survenue mercredi après-midi, qui a vraisemblablement déclenché ces débordements. Des jeunes du quartier assurent dans le quotidien régional Le Progrès que le conducteur du scooter, sans casque, était poursuivi par une voiture de police banalisée, ce que dément la préfecture du Rhône. Grièvement blessé, l'adolescent était encore entre la vie et la mort vendredi, selon France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Le parquet de Lyon a décidé d'ouvrir une enquête en "recherche des causes des blessures" pour déterminer "les circonstances exactes de cet accident", et l'a confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). A Rillieux-la-Pape. Au lendemain de ces échauffourées, c'est le quartier des Alagniers, situé à Rillieux-la-Pape, qui a connu des tensions. Selon Alexandre Vincendet, le maire Les Républicains de cette ville, classée en janvier parmi les quartiers de "reconquête républicaine", les faits ont débuté vendredi, vers 19h15, lorsqu'une "trentaine" d'individus ont avancé "en groupes très compacts, très mobiles, en incendiant les voitures sur leur passage et en caillassant les bus". Très rapidement, pompiers et policiers, notamment ceux des Compagnies départementales d'intervention (CDI), sont arrivés sur les lieux, où les premières arrestations ont été effectuées "grâce notamment à la vidéosurveillance", a-t-il ajouté. Quatorze véhicules ont été incendiés, selon la préfecture. A Bron. Les faits se sont produits samedi soir vers 18h40, dans cette commune limitrophe de la capitale des Gaules. Alors qu'un équipage du commissariat du 8e arrondissement de Lyon dépose un mineur en fugue à la Maison de l'enfance de Bron, des passants lui signalent la présence d'une femme apparemment blessée, à proximité, "auprès de laquelle ils se portent aussitôt", selon le parquet. Dans le même temps, "un groupe constitué de trente à quarante individus, la plupart vêtus de noir [et] aux visages dissimulés par des capuches et des masques de protection", s'en prennent à une voiture de police stationnée non loin. Ces personnes brisent les vitres du véhicule et l'incendient en partie. Un équipage de la BAC arrivé en renfort est lui aussi pris à partie "par des jets de projectiles divers dont des mortiers, des pierres et des bouteilles de verre". Une vidéo circule sur les réseaux sociaux : on y voit une dizaine de personnes donner des coups dans une voiture de police.  Une source policière confie à franceinfo que les forces de l'ordre sont aussi montrées du doigt après le malaise d'un mineur survenu pendant les heurts, sans donner plus de précisions sur le contexte. La préfecture se refuse de son côté à tout commentaire. Que sait-on des personnes interpellées ? Au total, neuf personnes, dont huit mineurs, sont encore en garde à vue dimanche, d'après le parquet de Lyon. A la Duchère. Quelque 12 personnes ont été interpellées jeudi soir, huit mineurs et quatre majeurs, selon le parquet. Trois d'entre elles attendent d'être présentées à la justice : deux mineurs, l'un de 14 ans, l'autre de 16 ans, ainsi qu'un majeur qui va être déféré en comparution immédiate, pour "jet de projectiles" et "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations". Les neuf autres personnes ont été remises en liberté, faute d'éléments permettant de retenir leur implication, précise France 3. A Rillieux-la-Pape. Quatre personnes ont été interpellées dans la soirée de vendredi, a appris franceinfo de sources concordantes le lendemain. D'après nos informations, il s'agit de mineurs. A Bron. Cinq personnes, dont un majeur et quatre mineurs, ont été placées en garde à vue dimanche, dans le cadre de l'enquête ouverte pour "groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations", de "violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique" et de "dégradations en réunion par incendie de biens d'utilité publique". Cette enquête a été confiée par le parquet de Lyon à la sûreté départementale. Quelles sont les réactions ? Les réactions politiques ont été immédiates. Le maire de Rillieux-la-Pape a fait "un rapport très net entre les événements [de vendredi] soir et les opérations anti-stupéfiants", dont des "perquisitions qui ont eu lieu jeudi et [vendredi] par les brigades anti-stupéfiants de l'agglomération lyonnaise". Alexandre Vincendet affirme que parmi les jeunes arrêtés par la police, "certains sont très défavorablement connus des services de police et sont en lien pour certains avec des affaires de stupéfiants". "Tant que je serai maire, il n'y aura jamais de cogestion avec les voyous", a-t-il insisté. Jérémie Bréaud, maire de Bron, également Les Républicains, est du même avis : c'est l'action de la police contre le trafic de drogue qui a provoqué les violences de samedi soir. "Le temps du laxisme est terminé à Bron", a prévenu sur Facebook l'édile, qui fait l'objet d'une protection à la suite de menaces répétées. Après avoir témoigné son soutien aux forces de police samedi soir sur Twitter, Gérald Darmanin a abondé dans le sens de ces deux maires, dimanche, lors d'un déplacement à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Le ministre de l'Intérieur a estimé que "s'il y a des violences urbaines, s'il y a des voitures qui peuvent brûler, des policiers qui sont pris à partie, des élus menacés, c'est parce qu'avec les polices municipales, mais avec la police nationale en premier lieu, on intervient, on démantèle chaque jour des points de deal". "Plus il y aura harcèlement de ces points de deal, plus il y a manifestement réaction des dealers, mais à la fin, ce sera toujours la police qui va gagner", a-t-il assuré. De son côté, Thierry Suquet, le préfet délégué pour la défense et la sécurité, fait le lien avec les deux précédentes soirées de tensions. "Vous l'avez constaté, deux soirs avec des flambées de violence, donc la tentative de ce soir n'est pas une surprise. Nous étions présents avec des forces et avec la volonté de montrer que nous ne laisserons rien passer", a-t-il déclaré samedi soir à France 3 Auvergne-Rhône-Alpes depuis Bron. Quels sont les renforts envoyés sur place ? Gérald Darmanin a annoncé samedi après-midi l'envoi d'une troisième unité de force mobile dans l'agglomération lyonnaise. Ce renfort de 200 policiers et gendarmes, réclamé depuis de nombreux mois par les élus de la métropole, se trouve donc au complet à Lyon. Des renforts policiers ont également été promis à Rillieux-la-Pape, à la suite de précédentes violences, en octobre 2020. Ils sont en train d'être mis en place, selon le maire. "Dix policiers supplémentaires ont passé des journées de recrutement cette semaine. Mais avant l'arrivée sur le terrain, il y a quelques mois" qui s'écoulent, explique Alexandre Vincendet, qui évoque "un délai administratif qui est malheureusement incompressible".

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