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Ce qu’il faut savoir sur la mise en examen d'Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée

AFFAIRE MSC Le secrétaire général de la présidence de la République, Alexis Kohler, le 19 octobre 2017, arrive à l'Élysée. Le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, a été mis en examen le 23 septembre pour "prise illégale d'intérêts", dans le cadre du dossier MSC, opérateur de fret maritime, avec lequel il entretenait des liens, a annoncé, lundi, le parquet national financier. France 24 fait le point sur cette affaire qui pourrait fragiliser Emmanuel Macron. C’est un homme de l’ombre qui se retrouve aujourd’hui dans la lumière. Le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, a été mis en examen le 23 septembre pour prise illégale d'intérêts dans l'enquête sur ses liens avec l'armateur MSC, a indiqué le procureur du Parquet national financier (PNF) Jean-François Bohnert dans un communiqué, lundi 3 octobre, confirmant une information de franceinfo. Le numéro deux de l'Élysée a également été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour trafic d'influence dans cette affaire visant ses liens familiaux et professionnels avec l'armateur italo-suisse, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte. "Cette mise en examen intervient dans le cadre d'une information judiciaire ouverte suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée le 30 janvier 2020 par l'association Anticor devant le doyen des juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris", indique le PNF. L'ex-directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, lorsque celui-ci était ministre de l'Économie et des Finances, était visé depuis 2018 par une plainte de l'association anti-corruption Anticor pour "prise illégale d'intérêts", "trafic d'influence" et "corruption passive" après des révélations de Mediapart. L'enquête avait été classée sans suite, mais des juges d'instruction avait relancé les investigations à la demande d'Anticor en 2020. Alexis Kohler "conteste avec force avoir commis tout délit", selon un communiqué de son avocat, Me Éric Dezeuze. "Sans que soient pris en considération à ce stade les nombreux éléments objectifs à décharge, Alexis Kohler a été placé sous le statut de mis en examen pour prise illégale d'intérêts pour des faits pouvant remonter à plus de dix ans", explique Me Dezeuze, affirmant que "la suite de la procédure, à laquelle il a désormais accès" allait "lui permettre de démontrer son innocence". Alors que cette affaire pourrait fragiliser Emmanuel Macron, France 24 fait le point sur cet avis de tempête à l’Élysée. Secrétaire général de l’Élysée depuis 2017, Alexis Kohler, 49 ans, fait partie du tout premier cercle d’Emmanuel Macron. Personnage discret et fuyant les médias, il joue un rôle essentiel de "tour de contrôle" de l’Élysée auprès du président de la République. Il est celui par qui passent tous les dossiers avant d’arriver sur le bureau du chef de l’État. Pour certains, il serait même à l’origine de toutes les décisions prises par Emmanuel Macron. "Macron a fait le choix d’un pouvoir extrêmement concentré, notait ainsi en 2017 un observateur familier du pouvoir exécutif dans Le Monde. En réalité, il pense que ce sont les circuits courts qui fonctionnent bien. Surtout il n’a confiance en personne" >> À lire : Le secrétaire général de l’Élysée, un personnage mystérieux au sommet de l’État Diplômé de Sciences-Po, de l’Essec et de l’ENA, titulaire d’un DEA de droit public, Alexis Kohler est considéré comme un haut fonctionnaire brillant et très efficace. Il débute à Bercy, au Trésor, en 2000, avant de passer, notamment, par le FMI puis à la très puissante Agence des participations de l’État (APE). Après l’élection de François Hollande en 2012, il devient directeur-adjoint du cabinet du ministre de l’Économie Pierre Moscovici. Puis le quitte lorsque ce dernier est remplacé par Arnaud Montebourg, et y revient en août 2014 comme directeur-adjoint de cabinet puis directeur de cabinet d’Emmanuel Macron. Le courant passe très vite entre les deux hommes qui partagent la même vision libérale de la société. C’est donc tout naturellement qu’Alexis Kohler participe à la création d’En Marche en avril 2016, avant de s’impliquer résolument dans la campagne de l’ex-ministre de l’Économie, en particulier dans l’élaboration de son programme présidentiel. Mais en parallèle, l’ancien "dircab" d’Emmanuel Macron travaille, à partir de l’automne 2016 et jusqu’à sa nomination à l’Élysée, comme directeur financier de l’armateur italo-suisse MSC, propriété des cousins de sa mère, la famille Aponte. Le Parquet national financier (PNF) soupçonne Alexis Kohler d'avoir fait bénéficier l’entreprise privée MSC de ses fonctions au sein de l’État. Le secrétaire général de l’Élysée est étroitement lié au croisiériste puisque, outre l’emploi qu’il y a occupé entre l’automne 2016 et le printemps 2017, sa mère n’est autre que la cousine germaine de Rafaela Aponte, cofondatrice et principale actionnaire de la Mediterranean Shipping Company (MSC), deuxième plus grand armateur de porte-conteneurs du monde. Alexis Kohler aurait pu traiter des dossiers intéressant MSC lorsqu'il était à l'Agence des participations de l'État (APE) et à Bercy. Lors de son passage à l’APE, Alexis Kohler a ainsi représenté l’État au conseil d’administration de STX France (ex-Chantiers de l’Atlantique) à partir de 2010 alors que MSC est l’un des principaux clients des chantiers navals de Saint-Nazaire. Il aurait également, selon Mediapart, participé à Bercy, en mars 2017, en tant que cadre de MSC, à une réunion sur la reprise de STX France, alors menacé de faillite. Un dossier qu’il aurait déjà eu à traiter, mais de l’autre côté de la table des négociations, lorsqu’il était au cabinet du ministre de l'Économie entre 2012 et 2016. Devenu secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler s'était mis en retrait des discussions menées entre MSC et STX, jusqu'à la signature de l'accord de rachat de 66,66 % des chantiers de Saint-Nazaire par une autre entreprise italienne, Fincantieri. Mais Anticor le soupçonne d'avoir cherché à peser sur ce dossier. La plainte d'Anticor concerne également la manière dont Alexis Kohler avait obtenu l’autorisation de rejoindre MSC après son passage à Bercy. Les fonctionnaires désirant être mis en disponibilité pour travailler dans le privé doivent au préalable en faire la demande à une commission de déontologie. Or, cette dernière avait refusé une première demande du haut fonctionnaire, qui souhaitait déjà rejoindre MSC en 2014, avant de valider sa deuxième requête en 2016.

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