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Cabadzi, le rap en réseaux pas très sociaux

Avec un album vraiment très original intitulé "Burrhus", le duo nantais Cabadzi s'est penché sur un sujet a priori très ardu : la théorie de Skinner, appliquée à notre époque connectée. Brut et intelligent, ce disque mérite quelques explications. Sur le précédent album, ils s'étaient alliés avec Bertrand Blier pour un objet puissamment cinématographique. Cette fois, au programme de Cabadzi, il y a Burrhus Frederic Skinner, psychologue américain à l'origine de la théorie du même nom, mise en application à Harvard au début du siècle dernier. L'expérience : des pigeons ou des rats sont placés dans une cage avec un petit levier à actionner pour libérer de la nourriture. La récompense est aléatoire, jusqu'à les rendre fous. Et voilà donc le lien tissé par Cabadzi avec une époque ultra-connectée, aux réseaux basés sur le like et le commentaire. La musique de Victorien s'est construite à partir de ça et les textes se sont imposés à celui qui pose sa voix sur le disque, Lulu. "J'avais passé la soirée à scroller sur mon smarthphone et je me suis couché en me disant que j'étais nul, se remémore-t-il. J'avais passé ma soirée à me comparer à des gens qui avaient une vie géniale alors que moi j'étais sur mon canapé à ne rien faire". Inutile de le dire, le propos du disque est assez désespérant sur notre humanité, la musique plus rugueuse que sur les trois précédents albums du duo. Un album osé, original et à contre-courant d'une musique souvent morcelée, prête à consommer. C'est encore possible, et Cabadzi le montre un peu plus à chaque disque pensé, pour le coup, comme une oeuvre à part entière. Cabadzi, Burrhus (Le Cirque Absent). Album disponible.

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