"Avertissement" et "manquements" dans l'affaire des pizzas Buitoni : "Scandaleux et inacceptable", dénonce Foodwatch France
Dans l'affaire Buitoni, la directrice de Foodwatch, Karine Jacquemart, dénonce "la double responsabilité", celle de l'entreprise "qui pèche par manque de transparence" et celle des autorités qui "ne font pas suffisamment de contrôles".
"C'est totalement scandaleux et inacceptable", dénonce la directrice de Foodwatch, Karine Jacquemart, mercredi 15 juin sur franceinfo, après les révélations du site Disclose concernant l'usine Buitoni de Caudry, dans le Nord, mise en cause dans la mort de deux enfants infectés par la bactérie Escherichia coli mi-février.Selon un rapport, que franceinfo a pu consulter, la Répression des fraudes avait pointé des "manquements" dès 2012 et 2014, avant d'adresser en 2020 un "avertissement" au groupe Nestlé, propriétaire de la marque Buitoni et des pizzas Fraîch'up mises en cause.
Un mépris "hallucinant"
Karine Jacquemart déplore "le mépris hallucinant" du groupe agroalimentaire. "On découvre qu'il y a eu des alertes et des rapports il y a des années", s'agace-t-elle, estimant qu'il "est temps de rendre des comptes" pour Nestlé, contre qui Foodwatch a porté plainte et à qui l'ONG "demande depuis des mois de s'expliquer sur ce qu'il s'est passé derrière les portes closes de ses usines".
"Malheureusement, cela ne nous surprend pas", poursuit la directrice de Foodwatch, selon qui "cela a déjà été le cas en 2017-2018" en référence à "l'affaire Lactalis".
Dans l'affaire Buitoni, elle dénonce par ailleurs "la double responsabilité", celle de l'entreprise "qui pèche par manque de transparence" et celle des autorités qui "ne font pas suffisamment de contrôles" ou qui n'assurent pas "le suivi" de leurs contrôles. "Il y a, dans ces entreprises, un trop grand laisser-faire", estime Karine Jacquemart, convaincue qu'il "faut donner plus de moyens aux contrôleurs de l'Etat".
La directrice de Foodwatch plaide également pour une meilleure application, "plus efficace", de la réglementation française et européenne qui vise à protéger les consommateurs. "Si l'entreprise ne prend pas les mesures nécessaires après avoir été alertée par une visite des contrôleurs publics, il faut des sanctions", ajoute-t-elle, évoquant des sanctions financières pouvant aller "jusqu'à 10% du chiffre d'affaires". Karine Jacquemart espère également que "les révélations d'aujourd'hui feront bouger la justice", déplorant le fait qu'il n'y a "toujours pas de mises en examen 4 ans après le scandale Lactalis". "Ce n'est pas parce qu'on s'appelle Nestlé qu'on est au-dessus des lois", s'insurge-t-elle, appelant la justice "à faire son travail pour marquer un coup d'arrêt à ces scandales et ces débordements".