Aulnay-sous-Bois : ce que l'on sait de la mort de l'homme tué par un policier
Aulnay-sous-Bois : ce que l'on sait de la mort de l'homme tué par un policier
Le policier auteur du tir a été placé en garde à vue. Elle a été prolongée jeudi.
L'affaire a provoqué cinq nuits consécutives de violences dans plusieurs communes de Seine-Saint-Denis. Un père de famille de 33 ans a été tué par un policier, samedi à Sevran. L'auteur du tir mortel a été placé en garde à vue, dont la durée a été prolongée jeudi. Le procureur doit faire "une déclaration à la presse" vendredi 1er avril à 15h30 "pour faire un point sur cette affaire". Une marche blanche est organisée samedi à Aulnay-sous-Bois pour rendre hommage à la victime.
Franceinfo récapitule ce que l'on sait de ce drame.
La victime circulait à bord d'une fourgonnette volée
Le drame s'est déroulé samedi à la mi-journée, quand un équipage de la brigade anticriminalité d'Aulnay-sous-Bois a voulu contrôler une fourgonnette conduite par la victime, prénommée Jean-Paul. Figure du quartier des Beaudottes, ce trentenaire était à la tête d’une entreprise de livraison et "était très, très apprécié" dans ce secteur, relate au Parisien Sébastien Bastaraud, adjoint au maire de Sevran. Connu pour des faits d'outrage et de vols commis entre 2003 et 2015, il s'était assagi à l'approche de la trentaine après avoir rencontré sa compagne, ajoute son ancien avocat, cité par le quotidien francilien.
Le véhicule, un utilitaire rempli de colis, avait été signalé comme volé quelques instants plus tôt dans le secteur de la gare Sevran-Beaudottes, selon les informations du Parisien. Le journal ajoute qu'il s'agirait d'un véhicule appartenant à l'un des clients de Jean-Paul, avec qui il aurait eu un différend financier.
Les circonstances du tir restent floues
Peu de temps après la diffusion de son signalement sur les ondes radio, la fourgonnette est repérée au niveau du rond-point Robert-Schuman, à Aulnay-sous-Bois, par un équipage de police. Une tentative de contrôle débute alors.
"Un policier s'est porté à la hauteur de la vitre du conducteur et, dans des circonstances qui restent à déterminer, a fait usage de son arme – un seul coup de feu – au moment où la camionnette redémarrait brusquement", a retracé jeudi 31 mars Eric Mathais, procureur de Bobigny. D'après les informations de Libération, le policier auteur du tir était habillé en civil et ne portait pas de brassard permettant de l'identifier.
Grièvement blessé à l'omoplate gauche, Jean-Paul aurait roulé quelques centaines de mètres avant d'emboutir une voiture en stationnement, près d'un parc où jouaient des enfants, selon Le Parisien.
Inconscient à l'arrivée des secours, le trentenaire a été héliporté à l'hôpital, où il est mort dans le courant de l'après-midi. L'autopsie a confirmé que le tir était à l'origine du décès.
Une plainte a été déposée par la famille de la victime
La famille de Jean-Paul a déposé plainte avec constitution de partie civile pour "homicide volontaire" mardi, selon le document transmis au doyen des juges d'instruction du tribunal judiciaire de Bobigny, que franceinfo a pu consulter.
"L'infraction criminelle d'homicide volontaire est caractérisée", peut-on lire dans cette plainte de la famille représentée par les avocats Arié Alimi, Philippe-Henry Honegger et Steeve Ruben. Appuyés d'une vidéo de la scène filmée par un témoin et transmise avec la plainte, ils estiment que le policier, formé à l'usage des armes à feu, "ne pouvait légitimement pas ignorer la létalité" de son tir.
Un des avocats de la famille, Philippe-Henry Honegger, a lancé un appel à témoins mardi pour recueillir des éléments pouvant corroborer ou infirmer la version livrée par la police.
Le policier qui a tiré est en garde à vue après avoir été hospitalisé
La garde à vue du policier soupçonné d'avoir tué le conducteur de la fourgonnette a été prolongée jeudi. "A ce stade de l'enquête diligentée par l'IGPN, il est placé en garde à vue du chef de 'violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner', aggravées par sa qualité de personne dépositaire de l'autorité publique et par l'usage d'une arme", explique le parquet de Bobigny. Lors de son interrogatoire, il aurait précisé avoir tiré par accident lors d'un mouvement de recul, raconte Libération. Le policier, âgé de 32 ans, était jusque-là hospitalisé en état de choc.
Cinq nuits consécutives de violences après le drame
La mort de Jean-Paul, qui habitait le quartier des Beaudottes à Sevran, a provoqué cinq nuits consécutives de violences dans plusieurs communes de Seine-Saint-Denis, limitrophes du quartier. A Sevran, Aulnay-sous-Bois et Tremblay-en-France, des véhicules et des poubelles ont été incendiés et des projectiles jetés sur les forces de l'ordre, selon une source policière. Personne n'a jusque-là été blessé, a-t-elle ajouté.
Depuis le début des échauffourées, 39 interpellations pour des faits de violence et des dégradations ont eu lieu, dont plusieurs concernant des mineurs. Six condamnations ont été prononcées, selon un bilan du parquet. "Les forces de l'ordre doivent contribuer au travail de la justice dans un climat apaisé et serein, pour la manifestation et la recherche de la vérité", a écrit dans un communiqué, jeudi, le maire DVG de Sevran, Stéphane Blanchet, après avoir appelé au calme les jours précédents.
Une marche blanche au départ d'Aulnay-sous-Bois doit avoir lieu samedi matin en mémoire de la victime.