Attentats du 13 novembre 2015 : les dessous d’un procès hors norme
La salle d'audience temporaire installée au palais de justice de Paris pour le procès des attentats du 13 novembre 2015.
Historique et inédit par son ampleur, le procès des attentats du 13-Novembre a nécessité plus de deux ans de préparation pour mettre sur pied un dispositif judiciaire titanesque et hautement sécurisé. Pendant neuf mois, plus de 300 témoins seront entendus par la cour d'assises spéciale de Paris, qui sera chargée de juger 20 accusés, dont Salah Abdeslam.
Il s’agit de la plus grande audience criminelle jamais organisée en France. Dans quelques jours commencera dans la capitale le procès des attaques terroristes qui ont fait 130 morts et 350 blessés à Paris et Saint-Denis en novembre 2015.
À partir du 8 septembre et durant neuf mois, la cour d'assises spéciale de Paris sera chargée de juger 20 accusés, dont Salah Abdeslam, le seul survivant des commandos téléguidés par l’organisation État islamique pour commettre ces attaques terroristes en France. Face à la cour, quatorze accusés seront présents et six seront jugés par défaut.
Un dispositif judiciaire titanesque a été prévu car ce procès est hors norme, en raison d’abord du nombre élevé de parties civiles : près de 1 800 personnes d’une vingtaine de nationalités différentes. Quelque 300 témoins seront entendus, essentiellement des proches de victimes et des rescapés des attaques, représentés par presque autant d’avocats.
Inédit, ce procès l’est aussi par sa charge émotionnelle et sa durée : au moins 145 journées d'audience prévues jusqu'au 25 mai 2022. Tenir un procès de cette ampleur jusqu'à son terme constitue un défi sans précédent pour l'institution judiciaire, particulièrement en temps de pandémie et de menace terroriste toujours élevée.
Une salle d'audience construite sur mesure
D’un point de vue logistique, le dispositif judiciaire a nécessité deux ans de préparation et la construction d'une salle d'audience spéciale et hautement sécurisée au cœur de l'historique palais de justice sur l’île de la Cité, à Paris.
Cette salle d'audience principale pourra accueillir jusqu’à 550 personnes. Une pièce ultramoderne, sans aucune fenêtre, construite sur mesure en plein milieu de la célèbre salle des pas perdus et démontable à terme. Une quinzaine d’autres salles de la cour d'appel pourront être utilisées pour retransmettre les débats selon l'affluence, pour une capacité totale de 2000 places.
Une webradio pour les parties civiles et une assistance psychologique
Dans la salle principale, huit caméras pilotées depuis une régie technique filmeront l’intégralité du procès. Mais aucune image n'est censée sortir de la cour d'assises spéciale, car ces enregistrements seront exclusivement destinés aux archives audiovisuelles de la justice.
Parmi le millier de personnes constituées parties civiles, ceux qui n'assisteront pas aux audiences pourront les suivre sur une webradio. C'est la première fois qu'un dispositif de ce genre est mis en place pour un procès criminel. Seul le son sera diffusé, en léger différé d'une demi-heure, dans des conditions ultrasécurisées. Un numéro d'assistance psychologique sera mis à disposition des auditeurs.
Côté sécurité, la menace terroriste étant persistante, le nombre de gendarmes et de policiers n’a pas été dévoilé, mais un périmètre de sécurité conséquent sera mis en place, contraignant les habitants du quartier et les participants au procès à des contrôles d'identité.
Un dossier d'instruction d'un million de pages
Les premiers témoins sont attendus à la barre à partir du lundi 13 septembre. Mais avant cela, le président de la cour fera la lecture de son rapport, résumant les 542 tomes du dossier d’instruction. Un document d’un million de pages qui équivaut à 53 mètres linéaires.
Les victimes raconteront à la barre pendant cinq semaines, de fin septembre à fin octobre, cette nuit d’horreur de 2015. La cour interrogera les quatorze accusés à partir de 2022.
Douze des vingt accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Trois accusés, contre lesquels pèsent les charges les moins lourdes, comparaîtront libres sous contrôle judiciaire.
Si la cour tient ses délais, le verdict pourrait être rendu pour le mois de mai 2022.
Avec AFP