Attentat du marché de Noël de Strasbourg : un proche du meurtrier condamné à 30 ans de réclusion
Après cinq semaines d'audience, la cour d'assises de Paris a condamné, jeudi, Audrey Mondjehi, le principal accusé dans le procès de l'attentat meurtrier du marché de Noël de Strasbourg, en décembre 2018, à 30 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté.
Il savait qu'un "projet criminel" était "en cours d'élaboration". Audrey Mondjehi, 42 ans, a été condamné, jeudi 4 avril à Paris, à 30 ans de réclusion pour avoir aidé le jihadiste Chérif Chekatt à se procurer l'arme avec laquelle il a tué cinq personnes en décembre 2018 dans les rues du marché de Noël de Strasbourg.
Cette peine, conforme aux réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat), est assortie d'une période de sûreté des deux tiers, et d'une interdiction définitive du territoire français - Mondjehi étant de nationalité ivoirienne.
Après cinq semaines d'audience, la cour d'assises de Paris a estimé que le délinquant multirécidiviste, malgré ses dénégations, "avait connaissance de la radicalisation violente" du tueur, dont il était proche, et l'a en conséquence jugé coupable d'"association de malfaiteurs terroristes", a déclaré la présidente Corinne Goetzmann, en présence de dizaines de parties civiles attentives - sur 208 au total.
Le soir du 11 décembre 2018, après avoir prêté allégeance au groupe État islamique (EI), Chérif Chekatt avait tué cinq personnes et en avait blessé 11 autres dans les rues bondées de la capitale alsacienne. Il avait ensuite été abattu par les forces de l'ordre après deux jours de traque.
Dans les trois mois ayant précédé la tuerie, Audrey Mondjehi "savait que le projet criminel de Chérif Chekatt était en cours d'élaboration", a estimé la cour, spécialement composée de magistrats professionnels. Cependant, il en "ignorait les modalités précises", ont tranché les juges, qui ont donc reconnu le quadragénaire non-coupable du chef de "complicité" d'assassinats et de tentative d'assassinats terroristes.
À l'énoncé du verdict, le condamné n'a laissé apparaître aucune réaction. Il s'est entretenu avec ses avocats avant d'être emmené par les forces de l'ordre.
Le quatrième accusé acquitté
Dans ses derniers mots à la cour, jeudi matin, il avait fait part de sa "tristesse pour toutes les victimes", et affirmé une dernière fois qu'il n'aurait "jamais pensé" que Chekatt aurait pu commettre un attentat.
La cour a par ailleurs condamné à des peines plus légères deux autres accusés, reconnus coupables d'"association de malfaiteurs" de droit commun, pour avoir également joué un rôle d'intermédiaire, mais de moindre importance.
L'un, Christian H., 34 ans, a été condamné à cinq ans de prison, dont six mois avec sursis, pour avoir vendu à Mondjehi et Chekatt deux armes, dont une défectueuse, qui n'ont pas servi le jour de l'attentat.
L'autre, Frédéric B., 37 ans, a été condamné à quatre ans de prison, dont un an avec sursis, pour avoir communiqué à Mondjehi, six jours avant la tuerie, le numéro de téléphone du vendeur de l'arme.
Les deux hommes, qui comparaissaient libres, ne retourneront pas en prison : après avoir passé respectivement deux ans et presque 18 mois en détention provisoire, ils purgeront la partie restante de leur peine sous bracelet électronique ou avec un autre aménagement.
Un quatrième homme, Stéphane B., 39 ans, frère de Frédéric, a lui été acquitté. La cour a considéré qu'on ne pouvait lui imputer "aucune participation active" aux faits, puisqu'il était absent le jour où Chekatt et Mondjehi ont été mis en relation avec le vendeur de l'arme. Cet homme ayant passé 14 mois en détention provisoire, il pourra prétendre à une indemnisation, a souligné la présidente de la cour.
Un cinquième mis en cause aurait dû initialement être jugé : Albert B., 83 ans, qui a vendu à Audrey Mondjehi et Chérif Chekatt l'arme ayant servi à la tuerie, quelques heures avant l'attentat. Son cas a été disjoint en raison de son état de santé qui ne lui permettait pas de comparaître. Il pourrait donc être jugé seul, ultérieurement.
Avec AFP