AirTags et autres traceurs : alerte et vigilance
Ils tiennent dans la paume de la main, passent inaperçus et sont capables d’afficher leur position sur un téléphone portable à l’autre bout du monde : alerte aux traceurs, ces petits appareils de localisation qui permettent de retrouver ses clés par exemple, mais qu’on pourrait aussi placer dans votre sac à main ou sur la carrosserie de votre voiture, pour vous suivre...
Les Anglais parlent de “stalking“. C’est le fait de "suivre quelqu’un à la trace" : une pratique condamnable, à la frontière du harcèlement et de l’espionnage, assaisonnée parfois d’une pointe de méfiance ou de jalousie. Depuis l’arrivée des smartphones, les "stalkers" avaient appris à charger des logiciels espions, à l’insu de leur victime, sur leur téléphone mobile.
Désormais, ils ont un autre allié, encore plus redoutable : les traceurs ("trackers" en anglais), simples d’usage, très peu chers, et précis. Il suffit de les glisser dans un sac à main ou de les coller au pare-choc d’une voiture pour obtenir la localisation de la personne suivie.
Un projet de loi spécifique en Pennsylvanie
Si les traceurs grand public ont été lancés par Tile, Samsung puis Apple, c’est pour nous aider à retrouver un objet perdu ou éventuellement volé, qu’il s’agisse d’un porte-feuille, d’un sac à dos ou d’un vélo. Mais cet accessoire qu’on imagine très bien dans la panoplie 2022 d’un détective privé, est désormais détourné de sa vocation première par une autre catégorie d’utilisateurs : les voleurs de voitures et les cambrioleurs.
Ces esprits mal intentionnés ont vu l’aubaine, et les signalements de vols de voitures et de cambriolages liés à ces traceurs se sont multipliés, ces derniers mois, au Canada mais aussi au Texas, en Georgie, dans le Colorado et le Michigan notamment, au point qu’une loi spécifique, soutenue par l'élu démocrate John Galloway, est sur le point d’être votée en Pennsylvanie. Ce serait une première aux États-Unis.
Les traceurs : des petites merveilles de technologie
Compacts (ils mesurent à peine 3 à 4 cm de côté), légers (une dizaine de grammes, pile comprise), les traceurs sont ronds, plats – pour être glissés dans un porte-feuille ou sous le fond d’un sac de voyage - ou carrés et coûtent entre 25 euros et une soixantaine d’euros.
Grâce à la technologie Bluetooth Faible Energie, ils tiennent entre 1 et 3 ans avec une seule pile bouton. Et ils se localisent grâce aux smartphones qui passent à proximité. Tile a été le premier arrivé, suivi par Samsung avec son Galaxy SmartTag. Et puis, le marché a explosé avec la sortie du AirTag d’Apple en avril 2021.
Concrètement, comment les voleurs de voitures, les cambrioleurs et autres apprentis espions profitent-ils de ces appareils ? Le point de départ, c’est la voiture. Une belle voiture de préférence. Ils la repèrent dans la rue ou dans un parking, et se débrouillent pour dissimuler un traceur sous la carrosserie ou derrière un pare-choc. Ils vont ainsi suivre le véhicule jusqu’à un endroit moins exposé, où ils pourront s’en emparer plus facilement. Mais le deuxième danger, c’est que la voiture finisse par indiquer l’adresse de son propriétaire. Les cambrioleurs passent alors à l’action, pillent la maison et s’emparent de la belle voiture. Et puis, il y a toutes ces femmes et ces hommes, suivis, malgré eux, par un traceur placé dans leurs affaires, à leur insu. James Bond utilisait ces gadgets avant qu’ils n’existent réellement.
Un traceur inconnu "voyage avec vous"
Heureusement, une sécurité existe mais elle n’est pas universelle. Si un AirTag d’Apple qui ne vous appartient pas est détecté – je cite – "en train de voyager avec vous", une alerte apparait automatiquement sur votre iPhone, ce qui permet de chercher le traceur près de soi, de le signaler aux autorités et de le désactiver.
Si vous êtes sur Android, malheureusement, cette alerte suppose d’avoir téléchargé Tracker Detect, une app Android spécifique, capable de détecter la présence d’un AirTag sur vous. Tile, le précurseur, promet d’intégrer une sécurité plus ou moins identique dans le courant de l’année. Apple vient aussi de mettre à jour son guide de bons conseils (uniquement en anglais) pour assurer la protection des utilisateurs et de leurs données personnelles au quotidien, en incluant des conseils liés aux AirTags.
Pendant ce temps, à New York et dans l'Idaho, la police a commencé à faire de l’information de proximité pour alerter sur l’usage détourné de ces traqueurs. Et en Pennsylvanie, cette loi pourrait donc bientôt punir spécifiquement l’usage détourné de ces petits appareils pourtant géniaux.