Affaire Laurent Bigorgne : la victime dépose plainte contre le directeur de la police judiciaire et la procureure de Paris
Sophie Conrad, qui accuse l'ex-directeur de l'institut Montaigne de l'avoir droguée à son insu, estime que ces deux personnes sont intervenues pendant la garde à vue de Laurent Bigorgne pour minimiser les poursuites à son encontre.
Sophie Conrad, qui accuse l'ex-directeur de l'Institut Montaigne de l'avoir droguée à son insu, a déposé plainte mercredi 9 mars contre le directeur de la police judiciaire et la procureure de la République de Paris pour falsification de l'enquête, "obstruction à la manifestation de la vérité" et "faux en écriture publique", a annoncé son avocat à franceinfo. Maître Arié Alimi affirme que les deux personnes visées par cette plainte sont intervenues pendant la garde à vue de Laurent Bigorgne pour que les charges retenues contre lui soient moins lourdes. Sophie Conrad déplore une enquête incomplète et des faits "sous-qualifiés", regrettant que le "motif sexuel n'ait pas été reconnu".
Proche d'Emmanuel Macron, dont il fut l’un des conseillers lors de la campagne de 2017, Laurent Bigorgne dirigeait depuis 2011 l'Institut Montaigne, un influent centre de réflexion d'inspiration libérale. Laurent Bigorgne doit être jugé jeudi 10 mars pour "administration de substance nuisible suivi d'incapacité n'excédant pas huit jours", pour avoir mis de la MDMA dans la coupe de champagne de Sophie Conrad, qui était l'une de ses employées, lors d'un dîner de travail chez lui. Il a d'ailleurs reconnu devant les enquêteurs l'avoir droguée à son insu. Sophie Conrad s'est sentie mal, a contacté une amie et a réussi à partir de chez son employeur, qui est aussi son ancien beau-frère.
L'avocat dénonce une enquête "oblitérée"
Arié Halimi estime qu'une information judiciaire aurait dû être ouverte et qu'il y a eu "un trafic dans cette enquête" qui a été non pas "bâclée" mais "volontairement oblitérée". "Il y a des actes qui manquent", dénonce-t-il alors qu'il n'a pas été demandé par exemple à un médecin légiste d'évaluer l'interruption totale de travail (ITT) de la victime. "Des actes ont été faits et ne figurent pas dans l'enquête", affirme par ailleurs l'avocat, comme les fadettes de Laurent Bigorgne qui ont été demandées mais ne sont pas dans le dossier.
"Tout a été fait pour éviter de caractériser l'intention sexuelle et surtout qu'un lien soit fait avec des autorités politiques quelconques", assure l'avocat, estimant que la "principale personne protégée est le président de la République". "Normalement, il y aurait dû y avoir une ouverture d'instruction avec un juge d'instruction indépendant, impartial, qui puisse faire une enquête véritable pour voir s'il y avait une intention sexuelle, s'il n'y avait pas éventuellement d'autres victimes, s'il n'y avait pas un risque de harcèlement sexuel au sein même de l'institut Montaigne. Tout a été fait pour que ça n'arrive pas", martèle le conseil.
En réponse, Me Sébastien Schapira, l'avocat du prévenu, assure qu'il n'y a eu "aucun traitement de faveur" et que "l'enquête n'a été aucunement baclée". Selon lui, "il n'y a absolument pas de tentative de viol ni même aucun geste déplacé", ce que "les enquêteurs, le parquet et le tribunal ont bien compris".