À Marseille, la longue mise en marche de l'énergie solaire
SUR ENTR
Avec presque 3 000 heures de soleil par an, Marseille est la ville la plus ensoleillée de France. Et pourtant, la métropole d'Aix-Marseille ne compte que 6 % d'énergie solaire dans sa production d'électricité. Pourquoi ? Et comment compte-t-elle rattraper son retard ?
"Nous avons hérité d'une situation où la question de la transition écologique était la grande absente", explique Sébastien Barles, adjoint à la transition écologique de la Ville.
En 2020, la mairie de Marseille a basculé à gauche et la nouvelle équipe tente de rattraper le retard. Ce nouvel intérêt est encouragé par l'Union européenne, puisque la métropole d'Aix-Marseille fait partie des 100 villes européennes sélectionnées pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2030. "Sur Marseille uniquement, on a un potentiel à horizon 2030 de 240 gigawattheures en production. C'est assez colossal, explique Sébastien Barles. C'est cinq fois plus qu'aujourd'hui !"
Beaucoup de projets… qui prennent du temps
L'enjeu est de trouver le foncier nécessaire, sans artificialiser les sols et en respectant les exigences de conservation du patrimoine. Alors la ville profite des rénovations des bâtiments publics et des écoles pour y installer des panneaux solaires : 53 établissements scolaires ont déjà été équipés.
D'autres projets sortent un peu plus de l'ordinaire. Des panneaux pourraient par exemple être installés sur les autoroutes urbaines qui traversent la ville. Il y a également un projet d'autoconsommation collective dans le quartier Nord de Frais Vallon, qui devrait permettre de réduire la facture d'électricité des habitants. Mais la mise en place prend du temps. Pour Sébastien Barles, il y a encore "une vraie complexité administrative". "Il y a la loi d'accélération des énergies renouvelables, mais sur les communautés locales d'énergie, on sent que du côté de l'État, il n'y a pas vraiment une volonté d'être aidant", regrette-t-il.
Des techniciens "made in Marseille" ?
Il reste une dernière barrière : le manque de techniciens spécialisés. "Certaines entreprises sont obligées de refuser des demandes de chantiers parce qu'il n'y a pas assez de personnel qualifié", explique Clémentine Lacroix, directrice de NR Sud. Cette école de formation dédiée aux métiers du solaire a ouvert ses portes en 2022 et forme une dizaine de jeunes Marseillais chaque année. Ce qui est encore insuffisant. D'après une étude du cabinet PwC France, la filière électrique représentera 200 000 emplois supplémentaires d'ici 2030 pour répondre aux exigences de la transition écologique.